INFORMATION EUROPE 1 - Disparus du fort de Tamié : la vidéo qui pourrait relancer la piste Lelandais

  • Copié
Chloé Triomphe et , modifié à
Les avocats des familles de Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou viennent de transmettre à la justice des images du festival où tous deux ont disparu. On y voit un homme ressemblant à Nordahl Lelandais.
INFO EUROPE 1

Respectivement six et sept ans après la disparition de leurs proches, les familles de Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou espèrent enfin tenir une piste fiable. En 2011 et 2012, les deux jeunes hommes se sont volatilisés après avoir assisté au même festival de musique électronique au fort de Tamié, en Savoie, une région que fréquentait Nordahl Lelandais. Depuis que l'ex-militaire a avoué les meurtres de Maëlys et du caporal Arthur Noyer, les familles des disparus et leurs avocats tentent de pousser la justice à opérer des vérifications. Selon les informations d'Europe 1, leur acharnement a porté ses fruits, fin mai : leur constitution de partie civile a été acceptée et une information judiciaire ouverte. Pour accélérer le travail des enquêteurs, les familles ont visionné les vidéos des éditions du festival auxquelles leurs enfants ont assisté. Sur l'une d'entre elles, elles ont repéré un homme ressemblant à Nordahl Lelandais.

Des traits ressemblants et une chevalière. La vidéo, qui date de 2012, vient d'être transmise à la justice. En accès libre sur Youtube, on y voit alternativement des plans des groupes se produisant au festival et du public, filmé suffisamment près pour que l'on distingue des visages. Dans la foule, un homme en sweat à capuche bleu présente une physionomie, une forme de visage et une coupe de cheveux évoquant celles de Nordahl Lelandais. Il porte des lunettes de soleil et une chevalière à la main droite, comme l'ancien maître-chien sur certaines des photos de lui diffusées sur les réseaux sociaux.

Des coïncidences jugées troublantes par les avocats des familles, Corinne Herrmann et Didier Seban. Ceux-ci lancent aujourd'hui un appel à tous les spectateurs qui ont assisté au festival en 2011 et en 2012, afin qu'ils communiquent aux gendarmes les éventuelles photos et vidéos dont ils disposent.

"Je pense qu'on a fait du mal à mon fils". "On est dans l'attente. Pour nous, ça donne un élément de plus au dossier, à étudier concrètement par les enquêteurs", explique Adeline, la sœur de Jean-Christophe Morin. "Aujourd'hui je veux savoir, mais dans un autre sens, je ne veux pas savoir", renchérit auprès d'Europe 1 Annick, la mère du jeune homme, qui s'exprime pour la première fois depuis la disparition de son fils. "C'est très contradictoire. J'ai avancé, j'arrive seulement, six ans après, à en parler. J'ai des amis qui me disent : 'mais tu ne nous a jamais rien dit'. Je réponds : 'mais je ne peux pas'."

"Pendant un moment, j'ai cru, je me suis persuadée que c'était son choix (de disparaître, ndlr)", poursuit Annick, très émue. "Il était jeune, il cherchait sa voie. Mais je pense qu'on a fait du mal à mon fils, je pense que sinon il serait là. On a le droit de savoir. La justice, il faut qu'elle fasse son devoir."

Désormais, les parents de Jean-Christophe Morin attendent notamment que les enquêteurs saisissent les téléphones portables de leur fils, qu'ils tiennent à leur disposition. Ils espèrent qu'un message, un numéro ou un appel puisse confirmer le lien entre leur enfant et Nordahl Lelandais.

D'autres éléments troublants

Depuis la mise en examen de Nordahl Lelandais dans l'affaire Maëlys, les familles des disparus du fort de Tamié soulignent les connexions potentielles entre leurs enfants et l'ancien militaire. Il y a d'abord la proximité géographique : l'homme résidait en Isère, non loin de la Savoie, et se déplaçait beaucoup avec ses chiens. Le profil des victimes, disparues alors qu'elles quittaient le fort de Tamié seules, à pied, rappelle celui d'Arthur Noyer, qui sortait de boîte de nuit dans le centre de Chambéry lorsque le suspect l'a tué lors, dit-il, d'une "bagarre qui a mal tourné". Enfin, un élément supplémentaire relie l'ex maître-chien à Ahmed Hamadou : selon son cousin, l'homme connaissait Nordahl Lelandais "de vue".

Outre les affaires Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou, les gendarmes enquêtent sur plus de 900 dossiers de disparitions mystérieuses ou non élucidées auxquelles pourrait être relié Nordahl Lelandais. Regroupés au sein d'une cellule baptisée "Ariane", ils épluchent notamment les relevés topographiques et les agendas du suspect ces dernières années.