Discrimination à l'embauche : le juge ordonne un non-lieu pour Adecco

L'instruction s'est étalée sur 16 ans.
L'instruction s'est étalée sur 16 ans. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP , modifié à
L'association Maison des potes-Maison de l'Égalité a déjà annoncé qu'elle faisait appel de cette décision, dénonçant un "fichage racial".

Seize ans d'instruction… et un non-lieu. Les investigations autour d'une discrimination raciale à l'embauche de la part de la société d'intérim Adecco n'ont "pas permis d'établir avec certitude la commission d'acte discriminatoire", estime le juge d'instruction dans son ordonnance datée du 2 janvier et dont l'AFP a eu connaissance. Pour le magistrat, "l'existence et le recours" à un classement spécifique des "intérimaires de couleur noire n'ont pu être clairement déterminés".

"Fichage racial". L'association antiraciste Maison des potes-Maison de l'Égalité a fait appel. "C'est un scandale judiciaire", a réagi son président Samuel Thomas, ancien vice-président de SOS racisme à l'origine de la procédure. "La mise en place d'un fichage racial, qui a concerné 500 intérimaires de couleur, a été reconnue par les dirigeants de l'agence mise en cause au moment de l'éclatement du scandale", a-t-il assuré.

SOS racisme avait porté plainte en mars 2001 contre Adecco (Agence d'Ile-de-France Restauration et Hôtellerie, implantée dans le quartier Montparnasse, à Paris). L'association avait été alertée par un ancien chargé de recrutement de l'agence évoquant un classement des candidats avec un code "PR IV" pour spécifier les personnes de couleur. Selon lui, ce code visait à octroyer ou à refuser certaines missions à ces candidats.

Codes "BBR" et "Non PR IV". Les refus concernaient des missions comme commis de salle ou chefs de rang dans des restaurants, pour lesquelles le client réclamait un BBR (Bleu-Blanc-Rouge) ou "non PR IV", selon l'ancien employé. "Nos fichiers ne sont pas discriminants", avait contesté une responsable régionale d'Adecco reconnaissant cependant être confrontée "à des demandes implicites ou explicites" des entreprises de restauration.

En 2009, un juge avait signifié la fin de son enquête et le parquet avait pris un réquisitoire de non-lieu. Mais la cour d'appel de Paris avait ordonné en 2010 de nouvelles auditions et confrontations. Aucune mise en examen n'a été prononcée dans ce dossier, le responsable de l'agence Adecco ayant été entendu comme témoin assisté.