Des plantes pourraient donner naissance à un contraceptif végétal masculin

pilule contraceptive
© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Élise Racque
Des chercheuses californiennes ont mené des travaux sur deux plantes médicinales traditionnelles capables d’empêcher les spermatozoïdes de féconder un ovule. 

Aurait-on enfin trouvé une alternative à la contraception hormonale féminine ? Des chercheuses américaines de l’université de Berkeley en Californie ont publié récemment les résultats très prometteurs de leur découverte, dans les Proceedings of National Academy of Sciences.

Des plantes médicinales anciennes. En fouillant dans les anciens traités sur "les plantes de l’infertilité" utilisées autrefois par les Chinois et les tribus des îles pacifiques, les chercheuses ont redécouvert deux plantes capables de stopper la fécondation.

Les produits chimiques végétaux qu’elles ont identifiés comme étant contraceptifs sont la primisterine et le lupéol. La première est contenue dans la "vigne du tonnerre divin", nom donné à une variété chinoise utilisée contre l’arthrite. Le second produit se trouve dans une racine de pissenlit, qui vit dans les territoires du Pacifique.

La fécondation empêchée. Concrètement, ces deux produits associés empêchent le spermatozoïde de féconder l’ovule. En temps normal, la progestérone produite par l’œuf au moment de l’ovulation enclenche une hyperactivation de la flagelle, (queue) du spermatozoïde. Ce regain de force lui permet alors de forer l’ovule, qui est alors fécondé.

Les deux agents végétaux remis sur le devant de la scène par les universitaires californiennes inhibent complètement ce mécanisme. Arrivé au moment critique de la fécondation, le spermatozoïde, trop faible, n’est pas en capacité d’entrer dans l’ovule.

Un préservatif moléculaire naturel. Ces plantes médicinales ont donc des propriétés contraceptives. En clair, les chercheuses ont recréé ce qu’elles nomment un "préservatif moléculaire" naturel, non hormonal. Gros avantage : les molécules sont efficaces à très petites doses. Des tests sont actuellement en cours sur des primates. A terme, cette étude pourrait mener à la création d’un contraceptif oral pour les hommes.

Cette découverte intervient dans un contexte où les effets de la pilule hormonale font régulièrement polémique. Une étude danoise publiée fin 2016 a montré que chez les femmes sous contraception hormonale, le risque de prendre des antidépresseurs augmente de 40%. Si le lien de cause à effet n’est pas démontré, de plus en plus de femmes témoignent des effets secondaires de la contraception hormonale sur leur moral et leur libido.