Dans l'Ain, les salariés de la CPAM "révoltés" par leur fichage

Les agents demandent à leur hiérarchie de cesser de les ficher.
Les agents demandent à leur hiérarchie de cesser de les ficher. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Jean-Luc Boujon, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Les salariés de la CPAM de l'Ain protestent contre le fichage catégoriel opéré par leur hiérarchie et demandent des comptes à leur direction.
REPORTAGE

Ils ne décolèrent pas. Jeudi, une centaine de salariés de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, se sont rassemblés entre 11 heures et midi afin de réclamer des explications à leur direction. Le motif de leur courroux : la découverte d'un fichier listant l'ensemble des collaborateurs avec, pour chacun d'entre eux, des adjectifs très peu flatteurs.

"Grognons", "passifs", "révoltés"… Tout commence lundi, lorsque le fichier est envoyé par erreur à tout un service en vue de préparer… un séminaire de cohésion d'équipe. Tous les salariés y sont décrits selon des catégories précises qui résument leurs caractères : "grognons", "passifs", "révoltés", etc. "Moi, c'était 'passif', 'n'aime pas le changement'", raconte Noémie, "révoltée", qui travaille à la CPAM de l'Ain depuis quinze ans. "Ça touche au plus profond de nous-mêmes, à ce qu'on peut aussi véhiculer depuis toutes ces années à travailler ensemble."

Entendu sur europe1 :
Le choc est violent chez tous les agents, comme chez les cadres qui ne se sont pas rendus compte des choses qu'ils faisaient

Deux psychologues aident les salariés traumatisés. Le fichier explique également comment gérer ces différents types de salariés, de ceux qu'il faut isoler à ceux qu'il convient de manipuler, en passant par ceux qu'il faut flatter et faire monter dans la hiérarchie pour mieux les couper des autres. Le document publié par France 3 liste cette stratégie d'"accompagnement managérial". Les salariés les plus traumatisés sont aidés depuis jeudi matin par deux psychologues. "Le choc est violent chez tous les agents, comme chez les cadres qui ne se sont pas rendus compte des choses qu'ils faisaient", confirme au micro d'Europe 1 Lydie Moreau, secrétaire CGT.

La direction départementale condamne le procédé. Après leur manifestation, les salariés de la CPAM de l'Ain vont demander des comptes au patron national de la Sécurité sociale, Nicolas Revel. "Ces supports de formation sont utilisés dans les CAF et les CPAM de toute la France. C'est pour ça qu'on [lui] en veut", peste Lydie Moreau. Dans un communiqué relayé jeudi par Le Progrès, la direction départementale de la CPAM a par ailleurs condamné l’existence de ce fichier, "humiliant pour les agents concernés".