Dans la jungle de Calais, une école inaugurée

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Kevin Thuillier et M.Du , modifié à
Alors qu'une manifestation anti-migrants avait lieu près de la gare de Calais samedi après-midi, le même jour était inaugurée une école dans la jungle. 

Quelques kilomètres les séparaient et pourtant ce sont deux conceptions du monde radicalement différentes qui s'affrontaient. Près de la gare de Calais samedi après-midi, des manifestants anti-migrants avaient répondu l'appel du mouvement anti-Islam Pegida, malgré l'interdiction de la Préfecture. Dans la jungle, des bénévoles ont eux inauguré officiellement une petite école, celle du chemin des Dunes, après une discrète inauguration en juillet.  

Des dizaines d'adultes et près de 300 enfants. Ce sont désormais deux petites cabanes à l'entrée de la jungle composées de planches et de plastique bleu qui accueillent les élèves. Sept jours sur sept, des dizaines d'adultes et près de 300 enfants y apprennent la couture, le droit, l'anglais et le français. Mais, le confort est encore spartiate. Michelle Olivier, la secrétaire nationale du SNUipp, le premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, dénonce : "pour apprendre, c'est plus facile si on a des chaises et l’électricité". 

Système D et professeurs bénévoles. C'est un réfugié nigérian qui a eu l'idée de créer cette école. Zimako souhaite que les migrants soient de plus en plus autonomes : "je vais demander aux gens de m'aider mais après il faudrait qu'ils gèrent l'école pour que je m'insère dans la société ". 

Si cette école fonctionne, c'est grâce au système D et à une quarantaine de professeurs bénévoles comme Nathalie. Cette dernière reproche à l'Etat de ne pas respecter la loi, celle qui garantit l'accès à l'école de tout enfant de 6 à 16 ans présent sur le sol français :"ces enfants-là sont des oubliés de l'éducation. Ils sont en transit pour quelques jours. Pendant ce temps-là, qu'est-ce qu'on fait ? Ils ne vont plus à l'école, ça ce n'est pas concevable". Nathalie demande un engagement fort de l'Etat notamment avec l'arrivée de camions-écoles sur le camp de migrants. Ce type d'aménagement existe d'ailleurs déjà pour les enfants roms.