Connaissez-vous le lumbersexuel, ce hipster des bois ?

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Noémi Marois , modifié à
À LA HACHE - Le lumbersexuel débarque, plus poilu que le metrosexuel, plus brut de décoffrage que le hipster.

Les modes se suivent… et ne se ressemblent pas du tout. Après le metrosexuel, le hipster, le normcore et le yummy, le lumbersexuel fait son entrée dans le monde de la mode masculine. Le principe ? Il se comprend facilement dès lors qu'on traduit le terme. Lumbersexuel vient de l'anglais "lumberjack", en français "bûcheron". En résumé, barbe fournie, chemises à carreaux et pataugas. Mais le lumberjack, repéré par le blogueur Tom Puzak sur GearJunkie.com, n'est pas si "nature" qu'il veut bien paraître. Présentation. 

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L'anti-métrosexuel  par excellence. Pour imaginer à quoi ressemble le lumbersexuel, rien de plus simple. Prenez un David Beckman ou un Zac Efron à son époque "minet". Imaginez l'exact contraire. Le metrosexuel a des joues douces comme des fesses de bébé, le sourcil (et le reste) épilé, les contours des yeux botoxés ? Le bûcheron, lui, a une barbe hirsute, joue de ses gros muscles et a de la boue sur ses chaussures.  

En vrai, ça donne Ryan Gosling ou Eric Cantona pour la version française. Mais l'acteur australien Hugh Jackman ou Joe Manganiello qui joue dans True Blood, peuvent aussi être rangés dans la catégorie.

Hugh Jackman

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Eric Cantona, notre lumbersexuel national ? 

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Le genre "chasse et pêche". Autre particularité ? Des vêtements pratiques, natures, un brin grossier dans le genre "chasse et pêche". C'est ainsi que le lumbersexuel affectionne tout particulièrement la chemise à carreaux et la casquette, type bûcheron dans sa cabane au Canada. Il porte aussi, en été, le jean retroussé sur son mollet, pour montrer comme ce dernier est bien galbé et poilu. Ses chaussures ? Des modèles imposants, type Timberland. 

David Beckman peut donc aller se rhabiller avec ses vestes de costumes cintrées et ses chaussures pointues.  "Le lumbersexuel né en réaction au métrosexuel. C'est la virilité opposé à la féminisation que l'homme avait vécu dans les années 2000, avec un style maniéré, précieux", explique Marc Beaugé, chroniqueur mode au journal Le Monde, interrogé par Europe 1. "La théorie de Paul Poiret, un créateur du 19e siècle, se confirme : une nouvelle mode apparait en réagissant de manière extrême à la mode précédente". 

Fan de Mac mais pas trop des haches. Mais alors nos bergers des Pyrénées seraient-ils des lumbersexuels qui s'ignorent ? Pas du tout. En réalité, sous ses dehors très "vie dans les bois", le lumbersexuel reste un urbain. Il n'est pas un bûcheron. Il fait semblant d'en être un, voilà la nuance. Le lumbersexuel est en effet un homme branché qui travaille souvent dans les nouvelles technologies. Il peuple de plus en plus les grandes villes occidentales, de New-York à Berlin et "ça émerge à Paris", indique Marc Beaugé. 

Ce que fait le lumberjack : couper du bois 

Ce que fait le lumbersexuel : une petite randonnée dominicale

Le chroniqueur du Monde explique : "Le lumbersexuel, ce n'est aucunement un retour en arrière. Il n'est pas du tout négligé et a même des points communs avec le metrosexuel, le souci des apparences notamment". Il précise sa pensée : "Le lumbersexuel est même coquet car il prend soin de lui mais sans que ça se voit, ce qui demande beaucoup de travail".  

Un cousin du hipster ? On ne doit pas voir dans le lumbersexuel  un nouveau phénomène, estime Marc Beaugé. "Il est une branche du hipster avec qui il partage la barbe et la chemise à carreaux", souligne-t-il. 

Et le chroniqueur de replacer ce nouveau style dans un mouvement plus large de "recherche d'authentique" : "Ce lumbersexuel n'a rien de nouveau, c'est un dérivé de la mode 'workwear'" qui s'inspire des tenues de travail. On vit dans une époque où on ne crée plus de choses concrètes de nos mains, alors, on récupère les codes esthétiques des métiers manuels pour combler ce manque". 

Ou encore une icône piquée aux gays ? Le hic, c'est que les hétérosexuels semblent ne pas avoir beaucoup d'imagination. Ce lumbersexuel apparaît en effet un recyclage d'une icône gay, le fameux "bear", ours en français. "C'est clair, il y a une esthétique 'bear'", reconnaît Marc Beaugé. 

C'est dans les années 1970 que ce style a commencé à se développer aux États-Unis, en réaction au style efféminé dans lequel certains gays ne se reconnaissaient pas. Le Bear, poilu avec parfois de l'embonpoint, cultive tout comme le lumbersexuel une virilité exacerbée. 

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