"Chrétiens d'Orient" : la RATP fait marche arrière

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Aurélie Herbemont et Noémi Marois , modifié à
La RATP a annoncé lundi qu'elle acceptait finalement dans les couloirs du métro la première version de l'affiche de promotion du groupe Les Prêtres qui porte la mention "en faveur des chrétiens d'Orient". 

Elle l'avait dans un premier temps interdite évoquant dans un communiqué "le principe de neutralité du service public". Après le tollé suscité par sa décision, la RATP a finalement accepté que l'affiche de promotion du groupe Les Prêtres portant la mention "en faveur des chrétiens d'Orient" soit placardée sur les murs des couloirs du métro. C'est ce qu'elle a annoncé lundi dans un communiqué. Le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé avait pris les devants sur twitter, précisant que la RATP prendrait en charge les frais de ce nouvel affichage. 

L'affiche refusée dans un premier temps. Lundi dernier, Mgr Jean-Michel Di Falco Léandri, l'évêque de Gap et fondateur du trio de chanteurs, déplorait sur les réseaux sociaux que la RATP et sa régie publicitaire Métrobus aient refusé une affiche annonçant pour juin un concert du groupe Les Prêtres sous prétexte qu'elle portait la mention "en faveur des chrétiens d'Orient". 

"Neutralité du service public". La RATP avait invoqué pour expliquer ce refus le "principe de neutralité de service public" dans un communiqué publié mercredi. Elle avançait ainsi qu'elle ne pouvait "prendre parti dans un conflit de de quelque nature qu'il soit même si elle ne sous-estime pas l'émotion que suscite la situation dramatique des chrétiens d'Orient", faisant référence à l'actuel conflit qui secoue l'Irak et la Syrie dans lequel la minorité chrétienne d'Irak est persécutée par les djihadistes de l'Organisation état islamique. 

La justice saisie. Après que la Coordination chrétiens d'Orient en danger (CHREDO) ait porté plainte vendredi, la RATP avait proposé samedi une affiche de rechange mentionnant seulement le nom de l'association qui va bénéficier des retombées du concert, L'Oeuvre d'Orient. Un geste pour apaiser la polémique mais qui n'avait pas convaincu la CHREDO.

"Daech est condamné par tout le monde". La communauté chrétienne, émue, s'est scandalisée d'un excès de zèle laïc de la part de la RATP. Mgr Philippe Barbarin, cardinal et archevêque de Lyon, invité d'Europe 1 dimanche avait fait part de son incompréhension face à la réaction de la RATP : "Daech (ndlr : l'Organisation Etat islamique) est condamné par tout le monde et quand un peuple est maltraité, on prend sa défense". "La France le fait, tout le monde le fait", a-t-il souligné. Y a-t-il un tabou autour du mot "chrétien" ? "Oui, quand un juif est tué, je téléphone au grand rabbin immédiatement parce que c'est une horreur". Selon lui, "c'est aussi une horreur quand on tue un chrétien".

Même si le cardinal André XXIII, archevêque de Paris, a appelé dimanche au calme, estimant qu'il ne "fallait pas trop en rajouter", diverses personnalités politiques sont intervenus dans le débat. Le député UMP Thierry Solère a dénoncé "une faute" et une "application bébête" de la laïcité par la RATP. "Sur les chrétiens d'Orient, avec le génocide qui est en cours par les barbares de Daech et d' Al-Qaïda, je pense que la RATP aurait dû réfléchir à ce qu'est la solidarité, ce n'est pas une atteinte à la laïcité, quelle que soit la religion des gens", avait pour sa part renchéri le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde. Lundi, le président socialiste d'Île-de-France, Jean-Paul Huchon, avait enfin "invité" lundi la RATP à autoriser l'affiche initiale tandis que le Premier ministre Manuel Valls appelait la RATP à "assumer ses responsabilités".

Rendez-vous mercredi. La CHREDO a décidé de maintenir sa plainte, a-t-elle annoncé lundi. "On veut une jurisprudence", a expliqué Patrick Karam, président de la Coordination. "On veut une condamnation pour éviter ce comportement. On ne veut pas de l'arbitraire dans un État de droit", a-t-il ajouté. La procédure en référé sera examinée mercredi par le Tribunal de grande instance de Paris.

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