Charlie Hebdo : quel rôle peut jouer l'école ?

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EDUCATION - Dans plusieurs établissements, la minute de silence pour les victimes de Charlie Hebdo a été perturbée jeudi dernier. 

Le Premier ministre a poussé un coup de gueule, lundi matin. La cible de Manuel Valls ? Ceux qui, au sein de leur collège ou de leur lycée, ont refusé de respecter la minute de silence, jeudi dernier, après l'attentat contre Charlie Hebdo. Selon l'Education nationale, 70 cas de perturbations ont été recensés ce jour-là sur tout le territoire. Des débordements qui ont aussi été pris au sérieux par la ministre elle-même, Najat Vallaud-Belkacem. Lundi matin, elle a donc rencontré l'ensemble de la communauté éducative pour "préparer une mobilisation renforcée de l'école pour les valeurs de la République".

Rassemblement de soutien à Charlie Hebdo à Londres - 1280-640

© Leon Neal/AFP

Signes de la victoire et refus d'observer le silence. Que s'est-il passé jeudi ? Le forum d'échanges de professeur neoprofs regorge de signalements de débordements en tout genre. "Pour la minute de silence, ils ricanaient, refusaient d'enlever leur capuche ou leur casquette", rapporte un enseignant. "Les morts de Charlie ont été traités de chiens" par les élèves, s'indigne un autre. Lundi matin sur BFMTV, le Premier ministre a, quant à lui, dénoncé avec beaucoup de fermeté les jeunes qui ont fait le "V de la victoire après ce qui s'est passé".

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Enseigner les valeurs républicaines. La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a donc consulté lundi matin les syndicats de l'éducation et les fédérations de parents sur les valeurs de la République. Les syndicats (FSU, Unsa, Sgen-CFDT, Snalc) ont exprimé les besoins d'accompagnement des personnels mais aussi de formation continue. "Les événements de ces derniers jours ont amené beaucoup d'interrogations dans les écoles", a indiqué Laurent Escure de l'Unsa Education, évoquant des incidents "heureusement très minoritaires au moment de la minute de silence", moins nombreux que lors de l'affaire Merah.

Des outils mis à disposition des enseignants. "On a eu à notre disposition des conseils, des éléments de langage très rapidement - dès mercredi, le jour-même de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo - [diffusés] par le ministère", explique à Europe 1 Philippe Tournier, chef d'établissement, appartenant au Syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN). "Des pense-bêtes qui se sont révélés très utiles", renchérit Sébastien Sihr, secrétaire général du Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles (SNUipp).

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"L'école doit faire de l'école". Si personne n'a de solution miracle pour résoudre ce genre de problème et réduire l'éloignement de certains jeunes vis-à-vis de l'enseignement, l'ancien directeur d'école primaire et essayiste Marc Le Bris appelle à un retour aux fondamentaux.  "Il y a une chose à faire : il faut apprendre à lire à tout le monde. Ceux qui ont appris à lire ne peuvent pas en arriver au niveau de stupidité de ceux qui sifflent la minute de silence", implore-t-il. "A l'école, il faut faire de l'école".  

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"L'école ne peut pas tout faire non plus". "Une partie de la population, et donc des élèves, se sent délaissée, marginalisée, voire détestée dans la société française", constate Philippe Tournier, du syndicat SNPDEN. "Dans ces cas-là, l'école ne peut pas tout faire non plus. Prenons exemple la formation citoyenne. L'école peut tout faire mais si en arrivant sur le marché du travail, le jeune est recalé à un entretien d'embauche parce qu'il n'a pas le bon nom, les bons mots de l'Education nationale seront immédiatement balayés".