Charlie Hebdo : pour ces élèves, les dessinateurs "l'ont cherché"

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Fabienne Cosnay et Sebastien Krebs , modifié à
TÉMOIGNAGES - Europe 1 s'est rendu dans un lycée parisien où des élèves assument complètement leur refus d'avoir observé une minute de silence.

La minute de silence en hommage aux victimes des attentats a été perturbée, jeudi, dans plusieurs établissements scolaires. Une centaine d'incidents ont été recensés par le ministère de l'Education nationale. Comme le révèle Europe 1 mardi, certains élèves ont été signalés à la police pour avoir tenu des propos violents, faisant l'apologie du terrorisme.

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Théories du complot. Europe 1 a recueilli des témoignages édifiants d'élèves d'un lycée de Vincennes, voisin du supermarché Hyper casher où a eu lieu la prise d'otages, vendredi. Abdel, 16 ans, ne se sent pas du tout Charlie. Il fait partie de ceux qui ont préféré sortir plutôt que d'observer une minute de silence et l'assume complètement.

L'élève de seconde répète en boucle à ses camarades de classe toutes sortes de théories fantaisistes, glanées sur le web. Abdel évoque pêle-mêle une théorie du complot contre les musulmans, la manipulation des médias, etc. Un discours effarant où le lycéen en vient à nier la réalité des évènements de la semaine dernière.

 "Dieudonné, c'est un bon comique" :

Charlie Hebdo : "Ils l'ont cherché", disent des...par Europe1fr

"Elle est bizarre la France, franchement, elle est bizarre. Vous avez vu l'histoire de Dieudonné, il a fait un sketch sur un juif et il a arrêté, pourtant, c'est un bon comique, lui. C'est pas normal !", s'exclame Abdel.

"Ils l'ont cherché". Face à Zachari, juif, et Mariam, musulmane, qui vont tous deux déposer une rose pour les victimes, Mohamed, leur camarade de classe, s'emporte contre les dessinateurs de Charlie. "Ils méritaient pas la mort mais ils n'avaient pas le droit de faire ce qu'ils ont fait. Ils l'ont cherché. On a le droit de  dire ce qu'on veut sans blesser autrui", assène le lycéen. "Ce que tu dis, c'est un manque de respect envers les victimes", lui répond Mariam, choque par les propos tenus par Mohamed.

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Des profs désemparés. Confrontés à ces discours, certains profs se sentent démunis. Dans certaines zones sensibles, des proviseurs ont même donné la consigne d'éviter le sujet en classe, de peur de provoquer des tensions. Si même l'école capitule.