Canicule : venir en short au bureau, ça le fait ?

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DRESS CODE - La vague de chaleur qui touche actuellement la France pousse les salariés à changer quelque peu leurs habitudes vestimentaires. Mais jusqu’à quel point peut-on aller ? 

Les jambes moites, les sous-vêtements collants et une étrange obligation de se lever et de rasseoir toutes les 5 minutes pour ne pas rester scotché à son siège. Voilà le calvaire vestimentaire qui attend de nombreux hommes cette semaine sur leur lieu de travail. Avec la vague de chaleur qui s’abat sur la France à partir de mardi, certains de vos collègues auront sans aucun doute quelques velléités de raccourcir le bas. Mais est-ce vraiment une bonne idée de débarquer en short au boulot ?

#NON, "LE SHORT EST ENCORE TROP ASSIMILÉ A LA PLAGE"

"Dans les bureaux, on n’est pas encore mûrs en France", prévient d’emblée Jean-Christophe Sciberras, président de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines de 2013 à 2015. Le short ne serait donc pas le bienvenu dans l’open-space. "Il est beaucoup trop assimilé aux vacances et à la plage". Pour éviter les vannes à répétition de vos collègues, qui ne manqueront bien évidemment pas de vous demander si vous revenez de la plage, ce DRH déconseille fortement bermuda, pantacourt ou toute autre culotte qui ne descend pas plus bas que le genou.

Mad men

Mais comment faire face à un employé qui supporte vraiment mal la chaleur ? C’est bien au niveau de la législation que le bât blesse. Si les employeurs sont tenus de protéger la santé de leurs salariés, notamment en cas de fortes chaleurs, le code du travail ne mentionne aucune température au-dessus de laquelle il serait dangereux de travailler.  Ce flou juridique donne forcément lieu au "cas par cas", selon Jean-Christophe Sciberras. "On peut envisager des aménagements d’horaires (commencer plus tôt quand les températures sont plus fraîches) ou même des réductions de temps de travail", détaille-t-il. Et pour le short ? "Là aussi, c’est du cas par cas". "Si le salarié travaille dans une banque, qu’il est en relation avec la clientèle, oubliez tout de suite cette idée".

Comme la définition de la chaleur n’est pas prévue par le Code du travail, certains salariés sont tentés de surfer sur ce flou. En 2003, un employé a été licencié pour avoir porté un bermuda à son travail. A l’époque, la société Sagem accuse cet agent technique de nuire à l’image de l’entreprise car de nombreux clients visitent régulièrement l’usine. La Cour de cassation donnera raison à la société Sagem. Exit donc le short et la volonté de fraîcheur de son salarié. "Le fait de se vêtir est considéré comme une liberté individuelle mais pas comme une liberté fondamentale", argumente Eric Rocheblave, avocat spécialisé en droit du travail.

Entendu sur europe1 :
"Il est plus choquant de porter un short que d’enlever sa cravate"

Si vous avez toujours des lubies de jambes dénudées, sachez que les salariés ont encore un recours : le droit de retrait. "Si un salarié estime qu’il ne peut pas travailler correctement autrement qu’en short et qu’il met en danger sa santé sur son lieu de travail, il peut faire valoir son droit de retrait", avance Me Eric Rocheblave.

Mais au-delà du droit, il faudra affronter les regards désapprobateurs tout au long de la journée. Jean-Christophe Sciberras, président de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines de 2013 à 2015 offre un autre conseil avant de penser au short. "Quand il fait vraiment chaud, on peut imaginer enlever la cravate. Le manager pourra même montrer l’exemple en la retirant en premier". Enlever la cravate, pourquoi pas mais tomber le bas, certainement pas ! "C’est beaucoup plus choquant quelqu’un qui porte un short que quelqu’un qui enlève sa cravate", renchérit-il.

#OUI - "ON PEUT RESTER TRÈS ÉLÉGANT TOUT EN PORTANT UN SHORT"

Cargo short

Vous l’aurez compris, le short est mal vu dans le monde du travail. Mais si vous décidez de vous affranchir de toutes ses règles ou que vous lancez un défi à l’un de vos collègues, sachez qu’il y a quelques "codes à respecter". "Toute la question est de conserver le chic en toute décontraction", prophétise Yvon Berenguer, directeur du département sport et modes urbaines dans le bureau de tendances Carlin international. "Il faut sortir adroitement du côté formel", abonde Frédéric Llosa, styliste dans la même entreprise.

Et question tendances, pas question de plaisanter. Oubliez le short en jean, le short de plage ou le short de sport. Le "cargo short" (celui qui baille, avec les grosses poches sur les côtés - en photo ci-dessus) est définitivement passé de mode. "On retrouve aujourd’hui des shorts en matière de costume. Ça paraît beaucoup plus habillé", explique Yvon Berenguer, persuadé qu’on peut "rester très élégant tout en portant un short". "Portez-le dans l’esprit du costume", conclut-il. "Avec une veste et une chemise simples. Vous pouvez même y ajouter quelques petites fantaisies, comme des micro-motifs". Mais un dernier conseil, misez sur la sobriété… au risque de basculer définitivement dans le côté balnéaire.