Burkini : le Collectif contre l'Islamophobie attaque en justice la mairie de Cannes

Plage de Cannes (1280x640) JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP
La mairie de Cannes a avancé le risque terroriste pour justifier sa décision. © JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP
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Le Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF) va déposer un référé contre la mairie de Cannes qui a interdit le burkini sur la plage. 
INFO EUROPE 1

"On mène une action juridique avec des citoyennes de Cannes". Le directeur du CCIF (le Collectif Contre l'Islamophobie en France), Marwan Muhammad, a annoncé à Europe 1 que son association allait déposer un référé liberté contre l'arrêté de la mairie de Cannes qui interdit le burkini sur les plages

"Une dizaine de femmes nous ont sollicités". Selon Marwan Muhammad, une dizaine de femmes ont sollicité son collectif pour attaquer en justice la mairie de Cannes. "Elles me disent qu'en tant que Cannoises, elles se sentent lésées", explique-t-il. "On va aller au litige le plus vite possible", ajoute-t-il. "Ça va prendre trois/quatre jours mais on va obtenir gain de cause." 

"Un arrêté illégal, discriminatoire et anticonstitutionnel" pour l'avocat du collectif. Pour l'avocat du CCIF, Sefen Guez Guez, "l'arrêté du maire est illégal, discriminatoire et anticonstitutionnel". "La loi aujourd'hui en France ne permet pas d'interdire l'accès à des plages en raison du signe de ports religieux. Il y a seulement la loi de 2004 qui concerne les élèves de l'enseignement public", explique-t-il. L'arrêté est aussi "anticonstitutionnel" car "la Constitution garantit le libre exercice des cultes". Toujours selon Sefen Guez Guez, il est enfin "discriminatoire" puisqu'à Cannes, on aura "deux catégories, une qui pourrait aller à la plage et n'afficherait rien et une autre qui est discriminée". 

Que dit l'arrêté ? Le maire de Cannes, David Lisnard, a décidé d'interdire le port "d'une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse alors que le France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d'actes terroristes". L'article 1 de cet arrêté pris le 28 juillet précise que, jusqu'au 31 août, les tenues portées sur les plages cannoises doivent être "correctes, respectueuses des bonnes mœurs et de la laïcité ainsi que des règles d'hygiène et de sécurité des baignades".

L'avis de l'Observatoire de la laïcité. Interrogé par Europe 1, Jean-Louis Bianco, le président de l'Observatoire de la laïcité, est très clair : "je ne pense pas que l'on puisse invoquer la notion de tenue respectueuse de la laïcité", explique-t-il. "Ce qui est interdit, c'est le voile intégral. Le burkini, en tant que tenue, n'est pas interdite". En revanche, concernant les deux autres fondements de l'arrêté, l'hygiène et les troubles à l'ordre public, Jean-Louis Bianco estime qu'ils peuvent être invoqués mais qu'ils doivent encore être démontrés sous le contrôle d'un juge.