Bactérie tueuse d’oliviers : Le Foll annonce 500.000 euros d’aides

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Le ministre de l'Agriculture s'est rendu sur la zone où un plant infecté a été découvert, en Corse. © PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP
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C.P.-R. avec AFP
Lors de son déplacement en Corse mercredi, le ministre de l’Agriculture a assuré que l’engagement du gouvernement  était "total" dans la lutte contre la propagation de la Xylella Fastiosa.

Une semaine après l'annonce de la découverte d'une plante infectée par la bactérie Xylella Fastidiosa sur l’île de Beauté, Stéphane Le Foll a annoncé mercredi à Sartène, en Corse-du-Sud, le renforcement des mesures de lutte contre ce fléau. Alors qu’en Italie, des centaines de milliers d'hectares d'oliveraies ont déjà été ravagés, le ministre de l’Agriculture a tenté de rassurer les agriculteurs corses lors de ce déplacement.

500.000 euros d’aides. Il a notamment annoncé qu'une première aide de 400.000 euros allait être mise à la disposition des services de l'Etat en Corse, ainsi que 100.000 euros pour la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon). Dotée d'une délégation de service public, la Fredon, dont les effectifs vont être renforcés, est notamment chargée de la détection de la bactérie et de surveiller sa propagation éventuelle.

Un contrôle renforcé de l’importation de végétaux. Le ministre, qui avait assisté dans la matinée à Bonifacio aux contrôles de véhicules débarquant de Sardaigne, a ajouté que ces derniers allaient être renforcés, et que les dérogations à l'importation de végétaux allaient encore être limitées, car ils peuvent en effet servir de vecteurs à la Xylella Fastidiosa. Raison pour laquelle, en avril dernier, la préfecture de Corse avait annoncé l'interdiction d'importer dans l'île plusieurs centaines de végétaux. 

Une bactérie impossible à éliminer… Transportée par des insectes piqueurs suceurs, cette bactérie s'attaque à quelque 200 végétaux, comme la vigne, le clémentinier et l'olivier, cultures emblématiques de la Corse. Elle les assèche par le sommet avant de se propager aux arbres et plants voisins. Dans les Pouilles, en Italie méridionale, l’Xylella Fastidiosa a déjà dévasté plusieurs centaines de milliers d'hectares d'oliveraies alors qu’aucune mesure d'élimination de la bactérie - notamment la diffusion d'un autre insecte prédateur - n'a encore été découverte.

…A moins de détruire les plantes infectées. Le seul moyen de lutte est la destruction des végétaux infectés par arrachage, puis incinération, comme cela a été effectué depuis une semaine dans la station balnéaire de Propriano, en Corse-du-Sud, où le premier cas corse a été détecté le 21 juillet. En avril dernier, un plan de caféier infecté en provenance du Costa Rica avait été détecté au marché de Rungis, dans le Val-de-Marne.        

 

Des chercheurs envoyés sur place

L'Xylella Fastidiosa est encore mal connue des chercheurs, qui ont besoin de savoir avant tout de quelle souche il s'agit et quels sont les insectes potentiellement vecteurs pour la combattre.
A cette fin, le ministère de l'Agriculture a demandé à une équipe de l'INRA-Montpellier de se rendre à Propriano, en Corse-du-Sud, du 3 au 7 août. Celle-ci sera constituée d'une biologiste moléculaire, Astrid Cruaud, et d'un entomologiste, Jean-Yves Rasplus, spécialiste de Xylella fastidiosa, qui ignore encore si la souche est la même qu'en Italie.      

Ne pas "anticiper toujours le pire". Stéphane Le Foll s'est rendu dans la "zone infectée" dans un rayon de cent mètres autour de la haie de la grande surface, où un plant de polygale à feuilles de myrte a été découvert. Après avoir déclaré comprendre "parfaitement l'inquiétude des Corses", le ministre a toutefois souligné la nécessité d'"être cohérents et de bien nous coordonner pour conduire ensemble le plan de bataille contre la bactérie avec les collectivités locales". "N'anticipons pas toujours le pire", a-t-il ajouté en insistant sur le besoin d'attendre les résultats des analyses et des expertises en cours sur les prélèvements effectués depuis une semaine, dans la "zone tampon" de 10 km autour de la zone infectée.

Un "engagement total" du gouvernement. Auparavant, le ministre de l’Agriculture avait présidé une table ronde réunissant une trentaine d'élus, de dirigeants de chambres d'agriculture et de producteurs et de représentants des services de l'Etat. La plupart des participants, comme le président de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi (DVG), ont exprimé leur satisfaction face à "l'engagement total" de l'Etat dans cette lutte, évoqué par le ministre. Une convention a été signée par le ministre avec le président (LR) du conseil départemental, Pierre-Jean Luciani. 

Un embargo sur les végétaux italiens ? En revanche, les jeunes agriculteurs et la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) ont boycotté cette visite organisée le même jour qu'une réunion à Corte, en Haute-Corse, du collectif anti Xylella Fastidiosa.

Créé il y a plus d'un an, celui-ci se compose d'agriculteurs et d'élus généralement nationalistes et reproche à l'Etat son "inertie" face, selon lui, à un risque de catastrophe environnementale et économique majeure. Il demande notamment le blocus complet de l'île à l'entrée de tout végétal venu notamment d'Italie.