Assaut à Saint-Denis : deux ans après, les locataires délogés par le RAID se sentent "ignorés"

Assaut Saint-Denis
© Ministère de l'Intérieur / DICOM / F. PELLIER
  • Copié
Adrien Bect avec G.S. , modifié à
Le 18 novembre 2015, le RAID donnait l'assaut à Saint-Denis pour déloger les terroristes liés aux attentats de Paris. Deux ans plus tard, la moitié des 80 personnes évacuées ce jour-là n'a toujours pas été relogée. 
TÉMOIGNAGE

C'était il y a deux ans. Le RAID donnait l'assaut à Saint-Denis, en région parisienne, pour déloger du 48 rue de la République la cellule terroriste responsable des attentas de Paris. La même nuit, 80 personnes ont été évacuées et n'ont jamais pu rejoindre leur logement. Selon les associations (DAL), près de la moitié d'entre elles sont toujours sans solution de relogement pérenne. Des victimes collatérales des attentats du 13 novembre qui se sentent aujourd'hui ignorées par l'Etat.

À l'époque, tous ont du quitter leur logement après l'assaut, lors duquel des milliers de balles ont été tirées et l'immeuble fut fragilisé. Les coups de feu, les policiers qui au petit matin l'expulsent de son appartement où elle vivait depuis 18 ans, puis l'hébergement d'urgence, quelques jours dans un gymnase, un an à l'hôtel : deux ans après l'assaut Yasmina, 64 ans, n'a rien oublié. Impossible pour elle de retrouver une vie normale.

Entendu sur europe1 :
Ma vie a été détruite. J'étais mieux là-bas

"Je suis toujours triste, je pleure toujours. Ma vie a été détruite. J'étais mieux là-bas", confie Yasmina, qui suit désormais une psychothérapie. "Je n'ai rien récupéré. Fourchettes, cuillères, photos, les albums de nos enfants. Je réclame, j'appelle, il ne se passe rien", déplore-t-elle.

Traoré, lui, vit dans un hôtel à la façade défraîchie, à quelques centaines de mètres de son ancien appartement, qu'il a du quitter la nuit de l'assaut. Traoré a fait deux hôtels en deux ans, ses vêtements dans des sacs de sport. Du provisoire qui dure depuis trop longtemps.

Entendu sur europe1 :
Les conditions de vie sont en train de s'empirer 

"Voilà ma chambre de 9m², toilettes communes, douches communes, tu ne peux rien poser sur la table. Les conditions de vie sont en train de s'empirer et on n'est pas suivi", s'attriste-t-il. 

Il y a deux ans, la ministre du Logement de l'époque, Sylvia Pinel, avait promis que tous seraient relogés. Deux après, la promesse n'est pas tenue. Selon la mairie, la Seine-Saint-Denis manque trop de logements sociaux pour reloger tout le monde. "L'Etat nous a ignoré", lâche Yasmina. Elle espère être un jour reconnue comme une victime du terrorisme, afin de pouvoir bénéficier d'une aide supplémentaire qui lui permette de se reconstruire.