Assassinat du militant Henri Curiel en 1978 : la justice rouvre l'enquête

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Henri Curiel a été assassiné en 1978. © GERARD FOUET / AFP
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avec AFP
La justice a rouvert une enquête sur l'assassinat du militant Henri Curiel en 1978 après la revendication d'un membre de l'Action française dans un livre posthume.

Une juge d'instruction a été désignée pour enquêter de nouveau sur l'assassinat en 1978 à Paris du militant tiers-mondiste Henri Curiel, après les aveux posthumes d'un membre de l'Action française revendiquant ce crime jamais élucidé, a annoncé mardi l'avocat de la famille. Une information judiciaire a été ouverte le 27 décembre et une juge a été désignée début janvier, a précisé Me William Bourdon, confirmant une information de Mediapart.

Revendication posthume. La famille d'Henri Curiel avait déposé plainte avec constitution de partie civile en 2015 après la parution d'un ouvrage dans lequel René Resciniti de Says, membre de l'Action française décédé en 2012, revendiquait l'assassinat du militant d'extrême gauche Pierre Goldman et celui d'Henri Curiel. Selon ce témoignage posthume, recueilli par le journaliste Christian Rol dans le livre Le roman vrai d'un fasciste français, René Resciniti de Says aurait agi sur ordre de Pierre Debizet, patron du SAC, le service d'ordre du parti gaulliste. "Quarante ans après cet assassinat, l'identification des auteurs et des donneurs d'ordre semble désormais possible", s'est félicité Me Bourdon, ajoutant : "Tous les indices nous poussent à croire que nous avons affaire à un crime d'Etat."

Deux fois classée sans suite. Henri Curiel a été assassiné le 4 mai 1978 à la sortie de son domicile par deux hommes armés. Son meurtre a été revendiqué par un mystérieux groupe d'extrême-droite "Delta" mais les auteurs ne seront jamais identifiés. Après un non-lieu en 1992, l'enquête avait été rouverte dans les années 2000 sur la base de nouveaux témoignages avant d'être une nouvelle fois classée sans suite en 2009. Né en 1914 au Caire, Henri Curiel a soutenu le Front de libération nationale (FLN, indépendantiste) pendant la guerre d'Algérie en rejoignant le réseau fondé par Francis Jeanson, "Les porteurs de valise". Arrêté en 1960, puis libéré après la signature des accords d'Évian mettant fin à la guerre d'Algérie, il fut l'une des chevilles ouvrières des mouvements de libération des années 1960 et 1970 en Afrique, Asie et Amérique latine.