Fusillade dans une boîte de nuit marseillaise, une troublante histoire

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Le brigadier-chef intervenu a été écarté du terrain pour un excès de violence (image d'illustration) © BORIS HORVAT / AFP
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M.R. , modifié à
Le policier qui a abattu un jeune homme avait déjà eu des démêlés avec sa hiérarchie, pour lesquels il avait été condamné.

Le policier, qui n'était pas en service et a abattu un jeune homme de 27 ans devant une boîte de nuit marseillaise, tôt samedi matin, est un ancien chef de groupe de la BAC de Marseille, écarté du terrain où il était devenu trop violent, selon les informations de La Marseillaise. Dimanche, il a été mis en examen pour "homicide volontaire" et une information judiciaire a été ouverte et confiée à une juge d'instruction "pour savoir si la légitime défense" peut être retenue, comme le privilégie le parquet.  Récit d'un fait divers pas vraiment comme les autres.

Que s'est-il passé samedi ?  

Vers 4h30, un homme se fait refouler à l'entrée d'une boîte de nuit du quartier de l'Opéra de Marseille, samedi. Pour tenter de le raisonner, le videur de l'établissement demande alors à un policier, qui n'était pas en service, mais était présent sur place, d'intervenir. N'acceptant pas sa situation, le client sort une arme. Le policier blesse mortellement ce jeune homme de 27 ans, défavorablement connu des services de police.

Claude D.L. le policier en question, a été placé en garde à vue dans la journée et une enquête de la police des polices a été ouverte (IGPN) car l'arme qu'il portait n'était pas son arme de service. Une vingtaine d'étuis de munitions ont été retrouvés au sol, selon le procureur.

Qui est ce policier ?

Une exfiltration pour excès de violence. Ancien chef de groupe de la BAC centre de Marseille pendant 15 ans (1998-2014), Claude D.L. avait déjà fait parler de lui. En 2015, le brigadier-chef de 50 ans a cité pour injures, devant le tribunal de police, un cadre de la police du département qui l'avait exfiltré de son service le jugeant "trop violent sur la voie publique". Relaxé pour "insuffisance de preuves", cet inspecteur général n'avait pas manqué de signifier à la cour que Claude D. L. devait être "surveillé en permanence" et qu'il était "hors de question de le remettre à la BAC", rappelle La Marseillaise

Des menaces de mort. Alors qu'il sollicitait un poste de chauffeur du commissaire de nuit, Claude D. L. s'était heurté à un refus. Il avait alors reçu un blâme pour avoir proféré des menaces de mort envers son patron. 

Une mise au placard. Après un arrêt maladie de deux ans, l'ancien chef de groupe avait retrouvé un poste dans un commissariat de quartier. "J'ai gardé le président de la République, j'ai gardé des ministres. Aujourd'hui, je garde des meubles en commissariat", avait-il déclaré au tribunal, selon La Provence, qui l'avait condamné à 3.000 euros d'amende, dont 2.000 avec sursis, et au versement d'un euro symbolique de dommages et intérêts à son ancien patron, en novembre 2016. Claude D. L. a fait appel de sa condamnation, une procédure encore en cours.

Pourquoi cette affaire est troublante ?

Un Glock suspect. Premier élément étonnant, l'usage par Claude D. L. d'un pistolet Glock et non de son arme de service. Il était certes autorisé à le détenir pour du tir sportif, mais pas à le porter sur lui. Un sujet dont l'IGPN s'est emparé. La "police des polices" va aussi chercher à comprendre pourquoi Claude D. L. se trouvait dans cette boîte de nuit, cette nuit-là, à ce moment-là. Les enquêteurs le soupçonnent d'appartenir à une police privée chargée de faire régner l'ordre dans ce quartier de boîtes de nuit, avance La Marseillaise. Sinon, pourquoi le videur de l'établissement aurait-il fait appel à lui plutôt qu'à un autre client pour se débarrasser de l'importun à qui il avait refusé l'entrée samedi soir ?

Un propriétaire déjà connu. Enfin, le propriétaire de la boîte de nuit où les faits se sont déroulés n'est autre que Jacques Cassandri, qui se revendique comme le cerveau du casse de Nice de 1976. Le fameux "casse du siècle" mené par Albert Spaggiari. Dans cette affaire, il doit être jugé par le tribunal correctionnel de Marseille le 12 février prochain pour le recel de 46 millions de francs (soit 29 environ millions d'euros). 

Mise à jour 18h04 :  Le policier mis en examen

Conformément aux réquisitions du parquet, le policier âgé d'une cinquantaine d'années, Claude Da Luz, n'a pas été incarcéré mais placé sous contrôle judiciaire à l'issue de sa garde à vue, a précisé à l'AFP le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux. "Une information judiciaire a été ouverte" et confiée à une juge d'instruction "pour savoir si la légitime défense" peut être retenue, comme le privilégie le parquet au vu des premiers éléments de l'enquête, a-t-il poursuivi.

Le jeune homme "était vraiment venu pour en découdre, pour tuer et semer la terreur", a affirmé à l'AFP l'avocat du policier, Me Gérald Pandelon, pour qui la légitime défense est "évidente".