Arnaque au rosé espagnol : comment s'en protéger ?

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Ugo Pascolo
La répression des fraudes a mis au jour une arnaque qui a permis de vendre quelque 10 millions de bouteilles de vin rosé espagnol beaucoup plus cher en le faisant passer pour du vin français. Comment se protéger de ces arnaques ?  

"Le phénomène n'est pas nouveau". Invités Europe 1 midi lundi Thierry Motte, secrétaire général des Vignerons Indépendants de France, et Thierry Desseauve, co-auteur du guide Bettane et Desseauve et concepteur de l’application Grand Tasting, réagissent à l'enquête de la répression des fraudes qui a mis au jour une arnaque qui a permis de vendre 10 millions de bouteilles de vin rosé espagnol sous des étiquettes de vin français.

Une arnaque classique. "C'est un classique de faire passer un vin pour un autre", avance Thierry Desseauve au micro d'Europe 1. "Il y a eu un grand scandale 1974 à Bordeaux où l'on faisait passer du vin du Roussillon pour des grands crus de Bordeaux. Après, dans cette histoire il y a toujours une raison : le vin espagnol était acheté 34 centimes du litre contre 80 centimes pour le vigneron français". "Oui c'est toujours économique, c'est le nerf de la guerre. Il est facile de faire un peu de business avec des détournements de notoriété", ajoute Thierry Motte. 

Bien lire les mentions légales. Alors comment se protéger des arnaques lorsqu'on achète son vin ? Que faut-il regarder ? "Il y a des mentions légales sur les étiquettes des bouteilles et l'origine du vin y est toujours inscrite", rappelle Thierry Desseauve. "On peut avoir des vins à consonance française, ou même des mélanges avec du vin français, mais dans ce cas il sera écrit : 'vin de différents pays de la Communauté européenne'. Et si cette mention légale ne figure pas sur la bouteille, c'est une fraude qui passe en justice. Mais la plupart des négociants font un travail formidable".

Quant à la mention "mis en bouteille en France", elle ne veut "pas forcément dire que le vin vient de France", souligne Thierry Desseauve. "Nous vignerons, nous faisons de la promotion envers nos consommateurs puisqu'on est vraiment en phase avec les circuits courts", rappelle Thierry Motte. "C'est à nous d'orienter, d'informer et d'être pédagogues".

Un problème plus global. Mais le meilleur moyen de ne pas se faire avoir reste encore "ne pas boire ce genre de vin", avance Thierry Desseauve. "Il faut se dire que le vin est un plaisir, un raffinement. Acheter du vin juste pour boire et se saouler avec une bouteille à deux voire trois euros, ça ne donne aucun plaisir. Il faut que les consommateurs comprennent qu’il vaut mieux boire moins et mieux car les gens qui produisent ce genre de vin n'en vivent pas. Ce sont des vins minables, qu'ils soient français ou espagnols ! C'est tout le système qui est vicié à la base", martèle-t-il.