Les forces de l'ordre sont équipées de grenades de désencerclement. 0:47
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édité par C.O.
Faut-il interdire l'utilisation des grenades de désencerclement par les forces de l'ordre lors des manifestations ? C'est ce que réclame Amnesty International, dans un rapport à paraître mercredi.

On les appelle grenades à main de désencerclement (GMD). Ces grenades à fragmentation sont remplies de plots en caoutchouc durs. Lorsque celles-ci explosent, les plots sont projetés dans toutes les directions à plus de 400 kilomètres heures. Dans un rapport à paraître mercredi, Amnesty International affirme qu'il est urgent d'interdire ces armes utilisées par les forces de l'ordre notamment lors de manifestations. Car pour l'ONG, leur dangerosité n'est pas maîtrisée.

Plusieurs blessés graves. En effet, plusieurs personnes ont déjà été grièvement blessées par ces grenades, comme le photographe indépendant Romain Dussaux blessé à la tête en mai 2016. L'homme avait été plongé dix jours dans le coma. Quatre mois plus tard, le 15 septembre, le manifestant Laurent Théron perdait l'usage de son son oeil droit, lors d'un rassemblement contre la loi Travail à Paris, place de la république comme le montre la vidéo ci-dessous.

"Des dégâts irréversibles". Pour ce secrétaire médical de 46 ans et syndicaliste Sud santé, les forces de l'ordre n'ont pas conscience de la dangerosité de cette arme : "On a des policiers entraînés, équipés, armés qui blessent, mutilent. Ils ne savent pas que ces armes peuvent faire ces dégâts là. S'ils les avaient testés, ils auraient vu que cela cause des dégâts irréversibles", assure-t-il.

Pas de tests sur les blessures à la tête. En effet, si des tests d’impact sur le corps ont été réalisés par le centre d’étude de la police, aucun test n’a été fait sur la zone cranio faciale. Une aberration pour Amnesty international. Ceci s’explique par le fait que les GMD, lorsqu’elles sont utilisées, doivent être lancées au ras du sol. A priori, il n’y a aucune raison que les palets de caoutchouc atteignent le haut du corps. Or, dans la situation de Laurent Théron, le CRS a lancé la grenade dans les airs avant que celle-ci n’explose. Un "jet non conforme", souligne l’Inspection générale de la police (IGPN) dans son rapport qu’Europe 1 a pu consulter. Un lancer effectué par un CRS "ne disposant d'aucune habilitation pour user de ce type de matériel". 

Une arme indispensable ? Du côté des forces de l’ordre, on dit comprendre les inquiétudes. Mais pour David Michaux du syndicat de police Unsa CRS, cette arme est indispensable sur le terrain : "Si l'on décide du jour au lendemain de nous retirer la grenade de désencerclement, on retrouvera ce qu'on a connu le 1er mai avec des gens qui sont venus directement au contact des forces de l'ordre, qui iront jeter des projectiles incendiaires. Si l’on nous enlève ça, après qu'est-ce que l'on va nous enlever", souligne-t-il. Ce jour-là, un CRS a été grièvement blessé par le jet d’un cocktail Molotov. L’image de l’homme en flammes, prise par un photographe de l’AFP avait été largement relayée. 

Une décision qui relève du ministère de l'Intérieur. Si une interdiction devait être prononcée, la décision devrait émaner du ministère de l'Intérieur, qui, pour le moment n'a pas souhaité faire de commentaire.