Affaire Grégory : ce que l'on sait sur Jacqueline et Marcel Jacob, les époux mis en examen

La maison des époux Jacob à Aumontzey, dans les Vosges.
La maison des époux Jacob à Aumontzey, dans les Vosges. © Patrick HERTZOG / AFP
  • Copié
Aurélie Dupuy , modifié à
La grand-tante et le grand-oncle de Grégory ont été mis en examen vendredi pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Ils nient les faits.

Jacqueline et Marcel Jacob, la grand-tante et grand-oncle de Grégory, ont été mis en examen vendredi pour enlèvement et séquestration suivie de mort et incarcérés de manière provisoire dans deux établissements pénitentiaires de Bourgogne. Cette mise en examen intervient 32 ans après le meurtre du garçon de 4 ans retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne. Un coup de théâtre dans cette affaire, l'une des plus énigmatiques de l'histoire criminelle.

 

Qui sont Jacqueline et Marcel Jacob ?

Jacqueline Jacob et Marcel Jacob, respectivement 72 et 71 ans, sont la tante et l'oncle de Jean-Marie Villemin, père de l'enfant assassiné. Le couple avait été placé en garde à vue mercredi. Toujours restée discrète tout au long de l'affaire, Jacqueline Jacob a maintenu cette réserve pendant sa garde à vue. Restée mutique, elle a fait valoir son droit au silence. Son époux Marcel a davantage parlé, tout en indiquant ne plus bien se souvenir des événements survenus il y a plus de trente ans. 

 

Que leur est-il reproché aujourd'hui ?

Le couple Jacob est soupçonné d'avoir enlevé puis séquestré Grégory. "L'enfant a été enlevé du domicile de ses parents, séquestré et retenu un certain temps jusqu'à sa mort. Ceux qui ont participé à cet enlèvement sont les auteurs du crime (...) Nous ne savons pas de quelle façon est mort Grégory. Il y a encore des zones d'ombre", a indiqué mercredi après-midi Jean-Jacques Bosc, procureur général de la cour d'appel de Dijon.

De nouvelles expertises sur une lettre manuscrite et anonyme ont orienté les soupçons vers Jacqueline Jacob. Elle pourrait être l'auteure d'un des courriers de menaces envoyés en 1983, un an avant le drame, aux parents de Grégory. Un autre courrier, dont l'auteur n'est pas identifié, intéresse également les enquêteurs. Dans cette missive revendiquant le meurtre et postée avant la découverte du corps de l'enfant, la justice a indiqué avoir trouvé "une similitude importante des termes" avec la lettre de 1983.

Selon le procureur de la République, le dossier "révèle l'existence de liens indissociables entre les trois lettres de 1983, le courrier posté le jour du crime", les appels téléphoniques anonymes passés par le corbeau - "qui était double. Nous avons un homme et une femme" - et l'enlèvement de l'enfant. Par ailleurs, "Marcel Jacob dissimule contre l'évidence ces antagonismes parfois violents avec les parents de Grégory, ce qui rend ces déclarations peu crédibles", a ajouté le magistrat, faisant notamment référence à une altercation datant de 1982 entre Marcel Jacob et Jean-Marie Villemin, au cours de laquelle Marcel Jacob avait lancé "Je ne serre pas la main du chef", le mot "chef" se retrouvant dans plusieurs des lettres du corbeau.

 

Les époux nient les faits

Les époux Jacob, essentiellement Marcel Jacob, "ont nié toute participation aux faits qui leur sont reprochés". Le procureur a néanmoins souligné qu'ils "ne présent[aient] pas en l'état d'alibi qui soit confirmé ou étayé".

Marcel et Jacqueline Jacob ont été incarcérés provisoirement par "souci d'empêcher une concertation frauduleuse". De nouvelles auditions auront lieu dans les jours qui viennent, a encore ajouté le magistrat. "Nous recherchons quelles sont les personnes qui ont concouru à l'enlèvement de l'enfant", laissant entendre que d'autres personnes pourraient être inquiétées dans ce puzzle familial complexe.

 

Des soupçons dans le passé

Jamais interrogée durant les cinq premières années d'enquête, Jacqueline Jacob n'avait été convoquée qu'en décembre 1989 par le juge d'instruction, convocation qu'elle était parvenue à esquiver. Finalement entendue deux ans plus tard soit sept ans après les faits, elle s'était alors montrée particulièrement réticente à répondre aux questions. Elle n'a par la suite pas été davantage inquiétée malgré la proximité des liens du couple avec Bernard Laroche, l'un des principaux suspects à l'époque.

Elle avait aussi été désignée par deux expertises graphologiques comme pouvant avoir écrit une des lettres du corbeau. Par ailleurs, son emploi du temps du mardi 16 octobre 1984 - jour de la découverte du corps de Grégory -, ainsi que celui de son mari, n'avait jamais été clairement reconstitué. "L'éventualité d'une absence momentanée de leur lieu de travail ne saurait être exclue", avaient d'ailleurs considéré les enquêteurs de l'époque.

Marcel Jacob est présenté comme quelqu'un d'un caractère affirmé qui jalousait l’ascension sociale de son neveu, et notamment sa promotion à un poste de contremaître. Il avait été soupçonné une première fois d'être le corbeau lorsqu'une lettre anonyme avait fait état d'une altercation entre deux frères de Jean-Marie (Michel Villemin et Bernard Laroche) dont il avait été le seul témoin. Mais il n'avait encore jamais été inquiété par la justice.