Garde à vue pour un (vrai) billet de 500 euros : "on nous a traités comme des voleurs"

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INTERVIEW E1 - Une Guinéenne et son cousin ont passé 20 heures en garde à vue à Douai pour avoir voulu payer ses courses avec un (vrai) billet de 500 euros… pourtant vrai. 

Lundi après-midi, une scène surréaliste éclate à l’hypermarché Leclerc de Douai, dans le Nord. Pour régler leurs courses d’un montant de 210 euros, une Guinéenne et son cousin présentent un billet de 500 euros. Soupçonnant le faux, la caissière avertit immédiatement sa direction sans même passer la grosse coupure au détecteur. "Le billet venait de la banque de la Société Générale de la Guinée", explique Assiatou Diallo, mercredi sur Europe 1. "C'était un vrai billet ! Ils n'ont juste pas vérifié". 

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billet 500 euros 1280

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"Ma fille dessine les mêmes billets que ça !". "Ils ont ensuite appelé la sécurité du centre commercial", raconte cette jeune Guinéenne au micro Europe 1. "Ils nous ont envoyé avec mon cousin dans une salle comme si nous étions des voleurs". Les agents de sécurité de l’hypermarché Leclerc leur ont ensuite demandé leurs papiers avant d’appeler la police. "Les policiers nous ont demandé de les suivre. L’un d’entre eux nous dit : 'ma fille dessine les mêmes billets que ça !'"

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Les mauvaises blagues sur Ebola. "Au commissariat de Douai, on a trouvé un agent un peu gentil, compatissant, mais il se rangeait derrière la loi", raconte la jeune femme sur Europe 1. "Il nous a dit : 'Nous devons vous mettre en garde à vue en attendant d’avoir des preuves'. Les autres ont pris moins de pincettes. Ils nous ont dit immédiatement : 'enlève ta chaîne, ta montre, ton bracelet !'. J'ai été traitée comme une délinquante. J'ai demandé à manger, on m'a fait attendre. Cette garde à vue a duré de 14 heures à 11 heures le lendemain". Après cette mauvaise histoire, Assiatou Diallo pointe les mauvaises blagues des forces de l’ordre. "Un policier m'a dit qu'il y avait Ebola en Guinée. Il m’a ensuite dit : 'j’espère que tu n’es pas contaminée...'"

"Choquée et bouleversée". "Le lendemain à 11 heures, nous avons été libérés après avoir vérifié le billet. Je n'ai pas pu dire un mot, j'étais tellement choquée et tellement bouleversée", confie Assiatou Diallo. "Je me sentais humiliée, je n’avais rien à dire. Personne ne nous a présenté d'excuses depuis, ni la police, ni le magasin Leclerc". Europe 1 a cherché à joindre la direction de Leclerc. En vain.