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Anaïs Huet
Insultes, dégradations, vol... C'en était trop pour cette commerçante quimpéroise, victime de racisme. Elle a décidé de fermer boutique.
INTERVIEW

"Je pensais que je pouvais continuer à travailler. Mais quand je rentrais à l'atelier, je fermais la porte à clé. Ce n'est pas l'objectif d'un commerce", a confié Anmary Théophile, au micro d'Europe 1 dimanche. Cette styliste, originaire des Saintes en Guadeloupe, est arrivée à Quimper il y a quatre ans et a ouvert son atelier de création de vêtements en juillet dernier. Aujourd'hui, elle est contrainte de fermer son commerce, usée par les remarques racistes dont elle a été victime ces derniers mois.

"Vous n'avez rien à faire dans ce quartier". Cela a commencé par un vol, qu'elle croyait anodin. Celui d'un olivier installé devant sa vitrine. Quelques temps après, un lettrage de son enseigne tombe. Puis un second. Des actes de vandalisme qu'Anmary choisit d'ignorer. Mais au soir du marché de Noël du quartier, le 20 décembre, le degré de violence franchit un palier. A 19h30, alors que la styliste s’apprêtait à fermer, deux femmes font irruption dans sa boutique. Elles renversent les mannequins et se se mettent à vomir un flot d'insultes racistes à l'encontre d'Anmary. "Elles m'ont dit qu'une femme de couleur n'avait rien à faire dans ce quartier, qu'il fallait que je parte", se souvient-elle. "Comment un propriétaire a-t-il pu louer à une personne de couleur ?", ont enchaîné les deux femmes. Anmary Théophile rapporte ces propos en des "termes élégants". En vérité, le mot "négresse" aurait notamment été employé, rapporte Le Télégramme

"C'était un cauchemar". La commerçante s'accroche, ne porte pas plainte malgré les conseils de ses proches. Mais le coup de grâce ne tardera pas à tomber. Son enseigne est à nouveau mise à terre. C'en est trop pour Anmary qui décide de fermer boutique. "Je ne veux pas vivre dans l'inquiétude", a-t-elle justifié sur Europe 1. "J'étais aux aguets, c'était un cauchemar". La styliste avoue être "terriblement meurtrie" par ces actes de violence et de racisme. 'Je ne veux pas leur donner raison, a-t-elle assuré. Et ce n'est pas en fermant mon établissement que je leur donne raison".

Depuis l'annonce de la fermeture de son commerce, Anmary Théophile a reçu beaucoup de messages de soutien. Sur sa page Facebook, elle a promis de se laisser "du temps au temps pour renaître" et, dans un clin d’œil, a invité ses nouveaux amis à venir déguster avec elle des "macrons colorés".

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