Pour avoir deux jeunes guinéens, Martine Landry  (au centre) encourt jusqu'à cinq ans de prison et 30.000 euros d'amende. 1:54
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Frédéric Michel et agence, édité par Ophélie Gobinet , modifié à
Bénévole à Amnesty International, Martine Landry est accusée d'avoir aidé à l'été 2017 deux migrants mineurs qui avaient été refoulés de France.

Derrière ses petites lunettes roses, Martine Landry  n'a pas perdu son sourire, malgré une année de procédure. Le procès de cette retraitée retraitée bénévole d'Amnesty International âgée de 72 ans, à laquelle les autorités reprochent d'avoir aidé l'été dernier deux immigrés mineurs refoulés de France, s'est ouvert à Nice mercredi en fin d'après-midi. 

Précise et concise à la barre, Martine Landry répond à chaque question de la présidente du Tribunal. Sur les faits, elle assure que ce sont les carabiniers italiens qui ont laissé les deux migrants la rejoindre côté français. "Il s'agissait de deux mineurs, c'est pour ça que je les aient accompagnés à la police aux frontières de Menton", a expliqué la bénévole. Une version contestée par les fonctionnaires, mais Martine Landry le répète : elle n'a fait qu'appliquer la loi. Elle attend qu'une relaxe soit prononcée.

"Je suis prête à recommencer". "Ça serait une injustice si j'étais condamnée", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Ils sont dans leur rôle, ils essaient d'intimider toutes les personnes qui portent assistance aux migrants", ajoute-t-elle. "Je suis sereine, j'ai fait appliquer la loi, ce dont je suis très fière et je suis toute prête à recommencer", lance encore Martine Landry.

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Photo : Frédéric Michel / Europe 1

Près de 22.00 messages de soutiens. Sur les marches du palais et dans la salle d'audience quelques dizaines d'anonymes sont venus pour la soutenir, comme Giulia, qui vit à Vintimille, à la frontière franco-italienne. "La France c'est liberté, égalité, fraternité et le cœur souffre. En Italie c'est différent, en France il y a une fermeture plus forte [aux migrants", explique-t-elle. Les soutiens de la bénévole s'insurgent : "ce n'est pas Martine Landry qui est hors-la-loi, c'est l'État français", ont-ils affirmé mercredi après-midi. Selon Amnesty, Martine Landry a reçu 22.000 messages de soutiens.

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Photo : Frédéric Michel / Europe 1

Accusée "comme un vulgaire malfaiteur". Pour l'ONG, il est temps que la France transpose dans ses textes une disposition internationale de 2002 prévoyant qu'on ne peut sanctionner que les personnes retirant un avantage financier ou matériel de leur aide aux migrants. "On attend une relaxe, les faits ne sont pas constitués. Briançon, Amiens, Dieppe, il y a une dizaine d'affaires similaires cette semaine. L'absence de volonté de l'État de traiter le problème des migrants se transforme en un acharnement contre les militants qui pallient cette incurie", a déclaré avant l'audience Jean-François Dubost, un responsable d'Amnesty. "On a une citoyenne exemplaire qui veut protéger deux jeunes adolescents qui doivent bénéficier de l'aide sociale à l'enfance et qui se trouve accusée comme un vulgaire malfaiteur", déplore David Nakache, président de l'association Tous Citoyens. "Nous disons stop. Il y a une forme de colère et de rancœur vis à vis de ce gouvernement qui donne des ordres".

Pour avoir aidé ces deux jeunes guinéens, Martine Landry encourt jusqu'à cinq ans de prison et 30.000 euros d'amende.