À Amiens, la longue mobilisation du personnel d'un hôpital psychiatrique

Plusieurs membres du personnel protestent contre la baisse des effectifs et la fermeture de quatre services. (Image d'illustration)
Plusieurs membres du personnel protestent contre la baisse des effectifs et la fermeture de quatre services. (Image d'illustration) © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP
Une partie des personnels de l'hôpital psychiatrique d'Amiens dénonce depuis plus de deux mois une "destruction" des soins.

La mobilisation dure depuis plus de deux mois. Une partie des personnels de l'hôpital psychiatrique Philippe Pinel d'Amiens proteste depuis le 15 juin contre la fermeture de quatre services en quatre ans et le départ d'une dizaine de psychiatres d'ici 2019.

"Une situation qu'on retrouve dans plein d'hôpitaux". "On est en train de tuer le soin psychiatrique, de détruire l'hospitalisation sans solution alternative. C'est une situation qu'on retrouve dans plein d'hôpitaux, nous on est peut-être l'un des pires", a assuré à l'AFP mardi la secrétaire générale de la CGT pour l'établissement Chrystèle Leclercq. "On est très peu nombreux à pouvoir faire grève parce qu'on est assigné, mais les actions se font sur le temps libre", explique Catherine Obry, infirmière cadre non syndiquée. "Notre lutte est juste et doit aboutir".

Une "promiscuité insupportable". Selon Chrystèle Leclercq, 70% des postes de psychiatres en psychiatrie adulte seront vacants d'ici à la fin de l'année. "Dans des services prévus pour 20, on ajoute des lits supplémentaires et on monte à 25, 28 patients", assure-t-elle, dénonçant une "promiscuité insupportable". "C'est fait dans le but de faire des économies, pas d'améliorer des soins".

60 postes supplémentaires demandés. Le personnel mobilisé, environ 20% des 940 employés tous statuts confondus, demande notamment la création de 60 postes soignants dans les services d'hospitalisation, la réouverture de deux unités de soins et l'effacement de la dette qui s'élève à 12 millions d'euros.

Pour l'ARS, la solution est ailleurs. Pour l'Agence régionale de santé (ARS), "ce sont des "modalités de prise en charge et des pratiques mal adaptées (comme des durées d'hospitalisation beaucoup plus longues que dans d'autres hôpitaux de la région) qui engendrent, pour l'essentiel, des problèmes de moyens". "Dans ces circonstances, les services peuvent être sur-occupés et les personnels se trouver en nombre insuffisant", reconnaît l'ARS. "Mais la solution n'est pas la création d'encore plus de postes et de lits. La solution est (...) un suivi en externe".

L'ARS a alloué 1 million d'euros en juillet, en plus de "7 millions d'aides exceptionnels depuis 2011" pour mettre des moyens supplémentaires (recruter dix infirmiers et au moins trois médecins) "là où les problèmes ne sont pas liés aux pratiques ou dans l'attente de leur évolution".

"On doit aller vers plus d'ambulatoire", explique la directeur des ressources humaines de l'hôpital Pierre-Alban Pillet. "Ce n'est pas propre à notre établissement, l'hôpital est en cours de transformation." Pour sortir de la crise, la direction dit avoir déjà proposé de rencontrer les délégués syndicaux, qui souhaitent, eux, une table ronde plus large avec l'ARS et les associations de famille. Ils ont reçu mardi le soutien de Sud-Solidaires Santé du Nord, qui dénonce "les politiques d'austérité successives" qui "aboutissent à la dégradation des conditions d'accueil, de prise en charge et d'accompagnement des patients ainsi que des conditions de travail".