Un "massacre de masse" datant de 10.000 ans découvert au Kenya

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Le crâne de ce squelette, celui d'un homme, porte la marque d'un coup. © MARTA MIRAZON LAHR, FABIO LAHR / NATURE / AFP
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avec AFP , modifié à
Douze squelettes, datant de la Préhistoire et portant des marques de coups, ont été exhumés près du lac de Turkana.

Depuis combien de temps les hommes se font-ils la guerre ? Des chercheurs ont découvert au Kenya un ensemble de squelettes portant des traces de blessures mortelles, laissant supposer un "massacre de masse" il y a 10.000 ans. A cette période, l'homme préhistorique n'était pas encore sédentaire.

Des crânes défoncés, des fractures. "Ces restes humains apportent la preuve unique d'un événement guerrier parmi des chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire", soulignent les scientifiques dans une étude publiée mercredi dans la revue britannique Nature. L'équipe a découvert les restes d'au moins 27 personnes (hommes, femmes et enfants), sur le site semi-désertique de Nataruk, près du lac Turkana qui s'étire dans la vallée du Rift. Il y a 10.000 ans, cet endroit, situé au bord d'une étendue d'eau, regorgeait d'une faune abondante, ce qui le rendait très intéressant pour des chasseurs-cueilleurs en quête de nourriture.

L'équipe a exhumé douze squelettes, plus ou moins intacts, dont dix présentent des lésions traumatiques mortelles. "Quatre d'entre eux ont des blessures qui semblent avoir été provoquées par des projectiles, sans doute des flèches", relève Marta Mirazon Lahr, anthropologue à l'Université de Cambridge, qui a piloté les fouilles. Quatre autres squelettes ont des traces de coups sur le crâne, l'un d'eux ayant une lame d'obsidienne fichée dans la tête. D'autres individus ont des fractures aux jambes, aux mains, aux côtes. 

Une femme enceinte exécutée ? "Nous avons aussi trouvé une jeune femme assise, les mains croisées entre les jambes, les pieds croisés également. On peut penser qu'elle était ligotée au moment de sa mort. Et elle était enceinte (...)", raconte l'anthropologue. Les restes d'un fœtus âgé de six à neuf mois ont été retrouvés dans la cavité abdominale du squelette.

"Attaqué par surprise". "Mon interprétation, c'est qu'il s'agissait d'une petite communauté de personnes, à la recherche de nourriture, et qui a été attaquée par surprise", déclare Marta Mirazon Lahr. Les ossements de Nataruk "apportent la preuve qu'il y a eu un conflit entre deux groupes, avant que les sociétés ne se sédentarisent et qu'il n'y ait des villages et des cimetières", relève-t-elle. "C'est unique", ajoute-t-elle. Les origines de la guerre restent un sujet de débat entre scientifiques, faute d'éléments tangibles sur les relations entre les différents groupes humains dans un passé lointain.