Thomas Pesquet participe à la mission "Proxima", durant laquelle sont menées différentes expériences. 2:41
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Laure Dautriche, envoyée spéciale à Baïkonour, au Kazakhstan, édité par A.H. , modifié à
Thomas Pesquet s'apprête à s'envoler jeudi pour six mois dans l'espace, à bord de la station spatiale internationale (ISS). À quoi va servir cette mission ?
L'ENQUÊTE DU 8H

C’est la première fois qu’un Français va rester si longtemps à bord de la station spatiale internationale (ISS) : Thomas Pesquet, qui doit décoller jeudi de Baïkonour, au Kazakhstan, va passer six mois dans l'espace. Mais que va-t-il y faire précisément ? L'astronaute français devrait consacrer la moitié de son temps à réaliser des expériences médicales et biologiques, impossibles à reproduire sur Terre, l'ISS étant un vrai laboratoire spatial où coopèrent les astronautes de tous les pays.

Thomas Pesquet, scientifique et cobaye. Mais chacun travaille aussi pour des laboratoires de son propre pays, pour faire des études plus poussées. Thomas Pesquet va par exemple faire des expériences pour l’Inserm (l'Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur le vieillissement artériel. Et pour cause, dans l’espace, le corps vieillit en accéléré. Et si l'on trouve des solutions pour freiner ce phénomène dans l'espace, on pourra peut-être les appliquer aux personnes âgées, ici, sur Terre.

Thomas Pesquet utilisera également un nouveau modèle d'échographe pilotable à distance depuis la Terre, qui pourrait servir ensuite à améliorer les échographies à distance dans les zones de désert médical. Et ce n'est pas tout. L'astronaute de 38 ans va lui-même servir de cobaye. Un morceau de muscle lui a été prélevé avant la mission afin de pouvoir le comparer avec le corps du spationaute dans six mois, à son retour de mission. Objectif : comprendre comment évolue la masse musculaire en apesanteur.

Des découvertes utiles sur Terre. En 30 ans de missions spatiales, des découvertes ont modifié notre quotidien. Les appareils sans fil (aspirateurs ou perceuses par exemple) sont nés avec les missions Apollo, lorsqu'il a fallu inventer un outil, sans prise électrique à portée de main, pour prélever des morceaux de roches sur la Lune. De même, les matelas qui s’adaptent à la forme du corps sont fabriqués avec les mêmes matériaux que les sièges des fusées, inventés pour alléger la pression pendant le décollage. Pour voir le résultat des expériences menées par Thomas Pesquet, il va falloir être patient. "On fait des expériences et après, il faut des années pour comprendre quel type d'innovation on a découvert. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas", assure l’astronaute italien Luca Parmitano, qui était dans l'ISS il y a trois ans. "On ne s'attend pas à découvrir le traitement du cancer demain. On aura des résultats pendant des années."

Objectif Mars. De nouvelles technologies pour avancer dans l’exploration spatiale sont également testées dans l'ISS. Les astronautes y développent ainsi de nouvelles technologies pour aller plus loin et rester plus longtemps dans l'espace, retourner un jour sur la Lune voire, pourquoi pas, se rendre sur Mars. Mais pour réaliser ce rêve d'astronaute (qui est aussi celui des passionnés d'astronomie), il faudra trouver les moyens de vivre pendant trois ans en autonomie complète dans l'espace. Et pour l’instant, on est incapable de le faire.