Pourquoi les besoins en eau vont exploser dans le futur

Plus de 36 pays font actuellement face à des difficultés d'approvisionnement en eau, alors que la demande devrait s'accroître de 50% d'ici 13 ans.
Plus de 36 pays font actuellement face à des difficultés d'approvisionnement en eau, alors que la demande devrait s'accroître de 50% d'ici 13 ans. © AFP
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T.M.
Selon l'ONU, la demande en eau augmentera de 50% d'ici 2030, notamment en raison des besoins de l'industrie, de l'énergie et de l'accroissement de la population.

C'est une évidence dont encore trop peu de gens ont conscience : l'eau est une ressource de plus en plus rare. Plus de 36 pays font actuellement face à des difficultés d'approvisionnement en eau, selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) publié mercredi, à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau. Et la situation se dégrade très vite.

Il y a un siècle, il y avait 15.000 mètres cubes d’eau disponible par habitant de la planète et par an. En 2030, il n'y en aura plus que 3.000 mètres cubes. Or, le minimum vital est à 1.800. Et cela pourrait arriver plus vite que prévu. Car si la masse d’eau sur la Terre est stable, la demande pour les ressources en eau, elle, pourrait croître de 50% d'ici 2030, essentiellement dans les villes, estime l'ONU dans un autre rapport. En cause : la croissance démographique, l’évolution des modes de consommation alimentaire ou encore les besoins accrus en énergie.

Parce que nous sommes de plus en plus nombreux

De 7,4 milliards aujourd'hui, la planète accueillera 8,5 milliards d'êtres humains en 2030 et entre 9 et 10 milliards en 2050, soit une augmentation de plus de 80 millions de personnes chaque année. Et forcément, plus il y a de monde, plus il y a de besoins. Or, à cette date, les deux tiers de l'humanité vivront dans des villes, majoritairement dans les pays en développement, tels que la Chine, l'Inde ou le Nigeria. Des zones qui sont déjà, à l'heure actuelle, en déficit hydrique.

Outre l'accès à l'eau potable ou aux toilettes, les besoins accrus d'eau seront également la conséquence de demandes indirectes, comme celles liées aux produits agricoles. Sauf que l’agriculture est le secteur le plus gourmand en eau. Il représente à lui seul 70% de l’ensemble de la consommation (contre 20% pour l’industrie et 10% pour les besoins domestiques). Si rien n’est fait pour rationaliser son utilisation dans l’agriculture, les besoins en eau devraient augmenter de 70 à 90% d’ici 2050, note ainsi le rapport mondial des Nations Unies sur l’évaluation des ressources en eau, datant de 2009.

Parce que notre alimentation évolue

Dans le même temps, les modes de consommation alimentaire sont en mutation constante. La demande en viande et en produits laitiers s'accroît dans les pays émergents, particulièrement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique, en raison de l'augmentation du niveau de vie et… de la hausse de la population, évidemment. Quel est le rapport avec l'eau ? Et bien, produire un kilo de viande de bœuf nécessite près de 16.000 litres d'eau. En comparaison, un kilo de blé en demande 800 à 4.000.

Parce que nos besoins en énergie augmentent

La production de biocarburant, également en hausse ces dernières années, pèse aussi sur la demande en eau. On estime en effet que 1.000 à 4.000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un seul litre de biocarburant. Par ailleurs, les besoins en énergie se développent eux aussi à un rythme accéléré. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, la demande mondiale pourrait augmenter de 59% entre 2012 et 2030.

Et le réchauffement climatique, dans tout ça ?

Pour ne rien arranger à l'affaire, les changements climatiques vont considérablement participer à raréfier l'eau. La communauté scientifique s'accorde à dire que le réchauffement de la planète accélère le cycle hydraulique, ce qui se traduit dans les faits par une augmentation des niveaux d’évaporation et des précipitations. Si les effets de ces changements sur les ressources en eau sont pour l'heure encore incertains, il est possible que le manque d’eau ait des répercussions sur la qualité de l’eau, mais aussi sur la fréquence des sécheresses ou des inondations.

Si, en soit, il y aura en 2030 encore assez d’eau sur Terre pour satisfaire les besoins domestiques de l'humanité, le vrai problème est sa répartition sur la planète. Certains experts n'hésitent plus à pronostiquer qu'au 21ème siècle, l'"or bleu" sera l'une des principales sources de conflits entre États.