Sida : "Un nombre considérable de personnes ne connaissent pas leur statut de séropositif"

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A.D , modifié à
Spécialiste du VIH, Pierre-Marie Girard rappelle les considérables évolutions en matière de traitement de la maladie. Il tire néanmoins la sonnette d'alarme sur les prises de risques qui augmentent.
INTERVIEW

L'épidémie est apparue à la fin des années 70 et a tué 35 millions de personnes. Le Sida a encore fait un million de morts dans le monde en 2016. Un chiffre alarmant qui est pourtant moitié moins élevé qu'il y a dix ans. Le professeur Pierre-Marie Girard, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Antoine de Paris, et spécialiste du VIH. Alors que s'ouvre dimanche à Paris la conférence internationale sur le Sida, le médecin était l'invité de la matinale d'Europe 1. Il a fait le point sur la maladie, ses avancées et ce qui doit encore être amélioré.

Dépistage. La baisse de la mortalité "est l'illustration qu'on a les moyens de faire, de prévenir, de traiter. Le problème numéro un, c'est qu'un nombre considérable de personnes ne connaissent pas leur statut de séropositif y compris en France." Ils sont 25.000, soit 18 à 20% des personnes infectées par le VIH. En cause ? Le dépistage, ou plutôt son manque. "Il faut une politique beaucoup plus active pour encourager les personnes à comprendre ce que c'est qu'avoir pris un risque et à se faire dépister." Toute relation non protégée est un risque, souligne-t-il.

Des traitements de plus en plus efficaces. Le spécialiste le rappelle aussi, malgré les progrès, le vaccin ne sera pas "pour tout de suite". Seuls restent "le comportement, le dépistage et les traitements. Les personnes qui sont traitées ont une baisse considérable de leur contagiosité. Cela ne veut pas dire qu'il faut faire n'importe quoi ni qu'il n'y a pas d'autres maladies sexuellement transmissibles", alerte Pierre-Marie Girard. Néanmoins pour le VIH, l'évolution des traitements a été "une révolution", depuis 1987, avec les premiers médicaments, puis avec les trithérapies en 1996" et leur amélioration par la suite.

Une protection qui régresse. Pour le médecin, en revanche, un point n'a pas évolué ou peu : le regard social. "La stigmatisation reste terrible." Malgré les évolutions de traitement et la baisse de la transmissibilité, le nombre de nouveaux cas ne baisse pas. "Il faut assumer le fait qu'il y a des prises de risques de plus en plus importantes. On a régressé en termes de sexualité", conclut-il, incitant puisqu'il vaut toujours mieux le rappeler, à se protéger.