Le Truvada va-t-il révolutionner la lutte contre le Sida ?

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Mélanie Gomez et Sandrine Prioul avec AWemaere , modifié à
Les résultats très attendus de ce traitement préventif, à prendre avant un rapport sexuel, vont être dévoilés mardi soir aux Etats-Unis.

Une bonne nouvelle va-t-elle se confirmer mardi soir à Seattle, aux Etats-Unis ? C'est là-bas, au congrès de la CROI (Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes) que vont être enfin dévoilés par l'agence Française de Recherche contre le Sida les résultats définitifs de l’essai dit "Ipergay" sur le Truvada, ce traitement préventif, le seul, contre le VIH.

Qu'est-ce que le Truvada ? Ce cachet bleu, déjà administré à des patients séropositifs, a aussi montré de premiers résultats prometteurs en matière de prévention : l'antiviral réduirait de manière spectaculaire le risque d'être contaminé lors d'un rapport sexuel non protégé.

Comment ça marche ? Si une personne séronégative prend du Truvada 24h avant un rapport sexuel "à risque", puis une nouvelle fois deux heures avant et une troisième fois le lendemain, ses chances de ne pas être contaminé sont de 80%. Une petite révolution d'autant que la personne n'est pas obligée de prendre ses pilules en continu, comme on le pensait à l'origine.

Le traitement circule sous le manteau... Des résultats tellement efficaces que, selon l'association Aides, le traitement circule actuellement de manière illégale. Dans une étude menée par l'association auprès de 3.024 personnes, 4,5% des sondés ont confié avoir déjà pris ce traitement préventif, dont 14% de femmes.

Mais comment accèdent-ils à ce traitement ? Soit sur Internet (le médicament se vend aux Etats-Unis), soit sous le manteau. Le Truvada est en effet un rétroviral déjà pris par des personnes contaminées qui suivent une trithérapie. Facile, donc, d'avoir accès à quelques cachets si on a un ami dans cette situation.

...ou aux urgences. Autre moyen : se présenter aux urgences en prétextant un rapport sexuel non protégé… inventé de toute pièce. Les professionnels de santé prescrivent alors le fameux traitement préventif, donné dans ce cas pour bloquer la progression du virus dans l'organisme durant les premières heures suivant la contamination.

Le préservatif reste "l'outil essentiel". Le Truvada pourrait changer les stratégies de prévention : actuellement, en effet, les campagnes de sensibilisation ne suffisent plus et le nombre de contaminations, notamment en France, ne recule plus, avec 7.000 personnes qui contractent le virus chaque année. Le Professeur Jean-Michel Molina de l'hôpital Saint-Louis de Paris qui a piloté l'étude met toutefois en garde : "le préservatif reste cependant l'outil essentiel de prévention contre le VIH". Cependant, "dans certaines situations où le préservatif ne pourrait pas être utilisé, le Truvada pourrait représenter 'une alternative'", dit-il prudemment.

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