Ces bruits de la ville qui impactent durablement notre audition

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La pollution sonore sur l'avenue des Champs-Élysées serait l'une des plus élevées de la capitale © FRED DUFOUR / AFP
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M.R.
Voitures, train, travaux publics... les sources de bruits dans la rue sont nombreuses. Et à la longue, il peuvent avoir un certain impact sur la qualité de notre audition.

Paris est la 42ème ville du monde la moins bruyante, d'après une étude réalisée par Mimi qui propose une application d'évaluation de l'audition. La start-up berlinoise a comparé les pertes d'audition des habitants de cinquante grandes villes mondiales et calculé la différence moyenne entre l'âge d'un homme vivant à Paris et son âge auditif qui correspond à ses capacités auditives réelles mesurées par l'application. À Paris, cette différence est de près de 15 ans et de 16 ans pour une femme contre un peu plus de dix ans pour la première ville du classement, Zurich (Suisse). La vingtième journée nationale de l'audition est l'occasion de faire le point sur ces bruits urbains dont il faut protéger ses oreilles.

  • Quels sont ces bruits ?

Entre 85 et 105 décibels sur le périphérique parisien, de 60 à 80 décibels au Café de la Paix (dans le quartier de l'Opéra Garnier) ou encore de 80 à 100 décibels sur l'avenue des Champs-Élysées, ce sont les relevés effectués par Phonak au mois de janvier 2017 et publiés notamment dans le magazine Pleine vie. Le spécialiste des aides auditives numériques a posé ses micros dans plusieurs quartiers touristiques de la ville et le bilan est sans appel : "Paris, tu nous casses les oreilles !". 

On estime que le seuil de risque pour l'audition est de 85 décibels. À partir de 90 décibels, on parle de seuil de danger. Selon les résultats de cette étude publiée jeudi, la circulation automobile semble être l'un des facteurs principaux de bruit dans la capitale. Car, dans le quartier du musée Georges Pompidou, qui est partiellement piéton, le niveau de décibels relevé est de 55 à 70.

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  • Quels effets ont-ils sur notre qualité d'audition ?

On ne ressent pas immédiatement les effets de la fatigue auditive. "C'est seulement quand on rentre chez soi, au calme, qu'on ressent les signes" qui peuvent être des sifflements, des bourdonnements voire des acouphènes, explique Jean-Yves Paquelet, responsable de la prévention audition auprès de l'association Audition solidarité.

Lorsqu'on se trouve dans un environnement bruyant, nos oreilles s'habituent et on est de moins en moins gênés. Mais c'est également un signe que les cellules qui se trouvent à l'entrée de notre système auditif se fatiguent. "Les fréquences des sons de la rue sont souvent les mêmes [voitures, travaux, transports en commun, sirène des pompiers] donc ce sont toujours les mêmes cellules qui sont sollicitées". Or "nos oreilles n'ont pas été créées pour entendre de tels bruits", constate Jean-Yves Paquelet. 

  • Comment protéger nos oreilles en ville ?

Contrairement aux bruits que l'on provoque nous-même en allant à un concert ou en écoutant de la musique avec des écouteurs, il est difficile d'adopter des gestes spécifiques pour protéger nos oreilles des bruit urbain. Mais on peut néanmoins éviter à nos oreilles une fatigue supplémentaire. "L'idéal quand on se trouve dans un endroit au calme, chez soi, c'est de ne pas faire de surenchère comme écouter de la musique", conseille Jean-Yves Paquelet.

Car ce qui est le plus nuisible pour notre audition, ce sont les bruits forts et répétés. Lorsque l'on vient déjà de supporter les 60 à 85 décibels du RER A (relevés dans une rame par Phonak), mieux vaut laisser nos oreilles se reposer. Quoi qu'il en soit, pour tous les types de nuisances sonores, le principe à adopter est "pas trop fort et pas très longtemps", conseille le responsable de la prévention d'Audition Solidarité.