Voies sur berges : Valérie Pécresse contre-attaque

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La présidente de la région, Valérie Pécresse (à droite), a reçu le soutien de plus de 150 maires d'Île-de-France dans son combat. © PHILIPPE LOPEZ / AFP
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La présidente de la région a reçu le soutien de plus de 150 maires d'Île-de-France dans son combat contre la piétonisation des voies sur berges de la rive droite de la capitale.

La piétonisation des voies sur berges de la rive droite, à Paris, n'en finit plus de faire débat. Mercredi, Le Figaro a publié une lettre ouverte, signée par 168 maires d'Île-de-France, dans laquelle ces édiles interpellent Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, pour réclamer la réouverture des quais désormais interdits à la circulation.

La Région à la manœuvre. Tous les signataires souhaitent en effet "s'associer au recours déposé par la Région" et cinq départements franciliens, devant le tribunal administratif, jeudi dernier. À l'origine de ce recours, la présidente d'Île-de-France, Valérie Pécresse, a trouvé là des soutiens de poids. L'idée de la lettre ouverte vient "d'un peu tout le monde, mais aussi" de l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, confie Ludovic Toro, maire UDI de Coubron, en Seine-Saint-Denis. Georges Tron (LR), à la tête de la mairie de Draveil, dans l'Essonne, indique lui avoir "reçu un appel de la Région" pour lui demander de participer à cette initiative.

Une "décision unilatérale de Paris". Dans cette missive, les édiles dénoncent d'abord une "décision unilatérale de la mairie de Paris et du préfet de police" de fermer les voies sur berges. "Pourquoi ne pas avoir engagé une concertation préalable avec tous les élus concernés ? Pourquoi ne pas avoir engagé des discussions pour déterminer avec les collectivités franciliennes intéressées les nécessaires mesures compensatoires ?", s'interrogent-ils. "Les maires sont exaspérés de voir Paris prendre des décisions seule dans son coin", confirme Frédéric Valletoux, maire LR de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. "C'est une affaire qui doit être discutée au niveau régional."

Un "effet domino" qui pénalise même la (lointaine) banlieue. De fait, pour les signataires, ce changement des règles de circulation ne génère pas uniquement un "blocage général de la circulation" dans la capitale. "Par un véritable effet domino, la fermeture des berges a des effets bien au-delà du territoire de la Ville", écrivent-ils. "Nous dénonçons cette indifférence à l'égard des habitants de la petite et de la grande couronne." Alors que sa ville de Draveil est à une trentaine de kilomètres de Paris, Georges Tron dit crouler, depuis deux mois, sous "les témoignages de gens qui nous indiquent que le trajet est rendu quasi impossible jusqu'à Paris", du fait d'une circulation saturée. "Cette mesure impacte jusqu'à 40 kilomètres autour", assure-t-il.

" Cette mesure impacte jusqu'à 40 kilomètres autour de Paris. "

Jusqu'à Meaux et Melun. Ludovic Toro, dont la commune est également à 30 kilomètres de Paris, ne dit pas autre chose. "La moitié de l'activité des petits artisans du département se fait à Paris, pas dans la région Île-de-France. Ils ne peuvent évidemment pas prendre les transports en commun, l'usage de la voiture est indispensable." Même Jean-François Copé, maire LR de Meaux, ou Louis Vogel, édile LR de Melun, deux villes situées à plus de 60 kilomètres de la capitale, font partie des signataires. Pour Christophe Najdovski, adjoint EELV chargé des transports à la mairie de Paris, sous-entendre que la piétonisation de 3,3 kilomètres de quais au centre de Paris a des conséquences sur les parcours de franciliens qui vivent aussi loin relève néanmoins de la désinformation. "Cette insinuation est fausse et sans fondement", avait-il déjà dit il y a deux semaines à ce propos.

"Tous les édiles de gauche sont de notre avis". Si tous les maires en colère ou presque sont affiliés LR ou UDI, tous se défendent de se livrer à un bras de fer politique. "Quand il s'agit de la vie pratique, on devrait dépasser les clivages", tonne Georges Tron, qui regrette que ses homologues de gauche n'aient pas joint leur signature. "Tous les édiles de gauche sont aussi de [notre] avis", poursuit Ludovic Toro. "Il ne le disent pas pour ne pas s'opposer à la mairie."

Demande de concertation. Désormais, ils réclament une véritable concertation et la prise en compte, par Anne Hidalgo, du rapport dévoilé par la région le 17 novembre dernier sur le sujet. Ce document pointait notamment l'augmentation des embouteillages depuis la piétonisation des voies sur berges, et les maires espèrent qu'il viendra mettre fin à ce qui est censé rester une expérimentation. "On attend que ce caractère expérimental soit reconnu", assène Frédéric Valletoux. Pas question, donc, de pérenniser sans prévenir. "Le dialogue n'a pas été engagé avant, il ne faut pas qu'il soit évité après." De son côté, la mairie de Paris avait déjà réagi au moment de la publication de ce rapport, fustigeant une méthodologie douteuse, avec l'emploi de donnéee "dont l'origine n'est pas précisée et dont la véracité n'est donc pas prouvée". Bruno Julliard, premier adjoint d'Anne Hidalgo, a répété sur Twitter mercredi que la priorité de la Ville était avant tout de venir à bout d'une pollution atmosphérique qui fait des milliers de victimes tous les ans.