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Le garde des Sceaux, invité de la matinale d'Europe 1, a estimé que la justice française n'avait pas failli dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, évoquant notamment 285 suspectés de vouloir partir en Syrie mis en examen.

Le gouvernement de Manuel Valls est-il à la hauteur du défi terroriste ? Une large majorité de Français n'en semble pas convaincue. Selon un sondage Ifop pour Le Figaro publié dimanche, 67% d’entre eux ne font plus confiance à l’exécutif pour lutter contre le terrorisme. Lundi, pour l’hommage rendu à Nice sur la Promenade des Anglais aux victimes du 14 juillet, le Premier ministre a été accueilli par les huées et aux cris de "démission !"

"Les morts ont besoin du silence". Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, a indiqué au micro d'Europe 1 avoir éprouvé "de la tristesse" devant ces images. "Ça ma rappelle une image : le 16 ou le 17 juillet 1992, on commémorait la Rafle du Vel' d’Hiv et François Mitterrand avait été hué. Robert Badinter avait fait un discours incroyable en disant : 'Vous me faites honte, les morts ont besoin du silence'". Pour ce proche de Manuel Valls, "la question n’est pas ce que pense l’opinion ou pas, c’est l'action qui est conduite".

Lutte contre la radicalisation. "La meilleure manière de rassurer le pays, c’est que chacun fasse ce pour quoi il est là. Moi, en tant que garde des Sceaux, j’essaye de faire en sorte que la justice ait les moyens de travailler et elle travaille bien", a-t-il assuré. "Il y a en ce moment 285 personnes qui sont mises en examen sur le théâtre syrien, sur cette question du départ en Syrie", a tenu à préciser le ministre.

De son côté, l'opposition estime que tout ce qui peut être fait en matière de lutte contre le terrorisme, notamment en matière de renseignement à l'intérieur du territoire, n'a pas été fait. Certains responsables de droite appellent à une meilleure surveillance des fichés S, voir à leur placement en centres de rétention. "Si nous rejetons ces amendements, ce n’est pas par foucade ou parce qu’ils sont déposés par les Républicains, mais tout simplement parce que ça n’est pas compatible avec notre droit", explique le ministre. "Nous avons un Etat qui est balisé par le Conseil constitutionnel et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, on peut choisir de basculer dans un autre système juridique, mais il ne me semble pas que ce soit ni la tradition, ni la recherche d’efficacité".

Plainte des victimes. Des familles de victimes ont fait savoir leur intention de porter plainte, estimant que le gouvernement n'avait pas pris la juste mesure de la menace terroriste en ce soir de Fête nationale. "Un phénomène normal", pour Jean-Jacques Urvoas, "ce sont des stratégies légitimes ; qu’il y ait à rendre des comptes, c’est une évidence". Il ajoute : "sur le drame qui nous occupe : est-ce qu’il y a eu des failles dans le système législatif ? Est-ce qu’il y a des trous à combler ? La réponse à ce stade est non, de l’avis même des magistrats enquêteurs."

Etat d'urgence. La prolongation de l’état d’urgence de trois mois doit être débattue au Parlement, alors qu’une partie de la droite plaide pour une prolongation de six mois. "À titre personnel, dans la mesure où dans les six mois qui viennent il y aura le 13 novembre, il ne me semblerait pas incongru que l’état d’urgence englobe le 13 novembre, car je crains que cette date d’anniversaire soit célébrée par des individus qui voudraient à nouveau porter les coups", précise Jean-Jacques Urvoas.