UMP : comment renflouer un parti endetté ?

Le siège de l'UMP, rue de Vaugirard, dans le 15e arrondissement de Paris.
Le siège de l'UMP, rue de Vaugirard, dans le 15e arrondissement de Paris. © MaxPPP
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ZOOM - Avant l’UMP, d’autres partis ont été étranglés financièrement, comme le FN ou le MoDem.

 Des mugs, des coussins, des taies d’oreillers ou des bougies parfumées, le tout signé "Nicolas, reviens !", tout était bon, samedi lors de la Fête de la violette, pour engranger quelques bénéfices. En proie à de graves difficultés financières depuis le rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy par le Conseil constitutionnel, l’UMP n’a toutefois pas misé que sur le merchandising. Lundi matin, la souscription nationale lancée auprès des militants a en effet déjà rapporté, en quatre jours, plus de deux millions d’euros, a assuré Catherine Vautrin, trésorière du mouvement, sur Europe 1.

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Le MoDem loue ses locaux… Comme l’UMP, le MoDem paie encore aujourd’hui son échec cuisant aux élections législatives de juin 2012. Avec 1,77 % des voix au premier tour et deux députés élus, le parti de François Bayrou est ressorti exsangue de scrutin, avec un financement public divisé par trois dès 2013. "On va passer de plus de trois millions et demi d’euros à un million d’euros par an", confirmait à l’époque Jean-Jacques Jégou, le trésorier du parti.

En conséquence, 17 des 26 salariés du mouvement ont été licenciés à l’été 2012. Et, depuis, le parti centriste, qui est propriétaire de son siège dans le 7e arrondissement de Paris, loue une partie de ses locaux à un cabinet d’expertise-comptable. Jean-Jacques Jegou, contacté lundi par Europe1.fr, précise qu’il s’agit "d’une vente temporaire sur 5 ans", ce qui permet au MoDem de garder l’usufruit d’une partie de ses bureaux. "Cela nous rapporte 450.00 euros par an. Nous venons aussi de toucher notre part de financement public, soit un petit million d’euros, et je peux vous assurer que nous n’avons plus de dettes". Mais le budget qu’il a  présenté il y a 15 jours est "de 1,3 million d’euros, alors qu’il était de quatre millions il y a deux ans", reconnaît-il.

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… comme le Parti communiste. En 2002, Robert Hue ne parvient pas à dépasser la barre fatidique des 5% (3,38%), qui aurait permis un remboursement de sa campagne. Dès l’année suivante, le Parti communiste décide alors, comme l’a fait l‘UMP la semaine dernière, de lancer une grande souscription nationale auprès de ses militants et sympathisants, car avec "20 % de recettes ordinaires en moins" et "une dette qui reste importante, (… ) la situation de trésorerie est précaire, fragile", se justifiait alors Roland Jacquet, trésorier du parti.

Rebelote en 2007 avec l’échec de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle (1,93%). Cette fois, le PCF envisage de vendre son siège place du colonel Fabien (photo), inauguré en 1971. Mais c’est la décision de louer qui a finalement été prise. Un choix qui peut quelque peu surprendre puisque c’est le monde des Arts et du luxe qui investit régulièrement les lieux pour toute sorte d’événements culturels.

Le Fn vend son siège historique. Au lendemain des élections législatives de 2007, le parti de Jean-Marie Le Pen est à l’agonie. Faute de banques pour financer la campagne de ses candidats, le FN avait en effet emprunté "quelques" millions d’euros à l’imprimeur Fernand Le Rachinel, ancien eurodéputé frontiste et vieux compagnon de route de Jean-Marie Le Pen. Mais le FN ne s’attendait pas à ce que 360 de ses candidats ne dépassent pas la barre des 5%, le seuil à franchir pour être remboursé de ses frais par l'Etat. Et il n’avait pas davantage anticipé que la dotation que l'Etat lui accorde chaque année, au titre du financement public aux partis politiques, passerait, à cause de ce revers électoral, de 4,6 à 1,8 million d'euros.

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Etranglé, le FN a alors "oublié" de rembourser son généreux mécène. Qui a attaqué en justice. La Cour d’appel de Versailles a condamné le FN à payer 6,3 millions d'euros de dettes majorées, ainsi que près de 600 000 euros d'intérêts et de frais de justice. Pour faire face à cette situation plus que délicate, le FN a dû se résoudre à mettre en vente son siège historique, situé à Saint-Cloud (photo ci-dessus). Mais "le Paquebot" a mis bien longtemps avant de trouver preneur. En avril 2011, Jean-Marie Le Pen annonce toutefois sa cession pour une somme d'environ "dix millions d'euros". Moins qu’espéré initialement. Mais quand on a le couteau sous la gorge…

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Au PS, tout va bien ! Si la majorité au pouvoir a engagé une politique drastique d’assainissement des finances publiques - Delphine Batho allant jusqu’à parler de "tournant de la rigueur" -, le trésorier du Parti socialiste, lui, peut dormir sur ses deux oreilles. En 2011, la primaire organisée pour départager les candidats à la candidature à l’élection présidentielle a en effet rapporté cinq millions d’euros. Les bons résultats lors des élections législatives de juin 2012 ont ensuite permis au PS d’empocher plus de 27 millions d’euros.

Mais tout n’a pas toujours été rose pour le parti de la rose. C’est même dans le rouge que se trouvaient les comptes en 1993, après l’échec aux législatives (53 députés élus sur les 260 candidats). Ce qui a provoqué une colère noire d’Henri Emmanuelli, tout nouveau patron du PS. "Sauf à découvrir un puits de pétrole dans la cour de Solférino, je ne vois pas comment on peut éviter de vendre le siège du Parti si l'on veut sortir les finances du rouge", lance-t-il alors. L’hôtel particulier de la rue de Solférino appartient au PS depuis 1980. Le louer heurte les cadres, attachés à ce lieu symbolique. Le PS s’en sortira finalement en recourant à l’emprunt et en exigeant de tous de se serrer la ceinture. "Déjà", pourrait aujourd’hui dire François Hollande…