Syrie : le jour où Hollande est devenu chef de guerre

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Fabienne Cosnay et Caroline Roux , modifié à
RÉCIT - Europe 1 vous raconte comment tout s'est accéléré à l'Elysée, vendredi.

Un discours martial. Huit mois après le Mali, François Hollande a rendossé le costume de chef de guerre, mardi, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs. Sous les dorures de la salle des fêtes de l’Élysée, le président a pesé chacun de ses mots pour faire passer un message sur le dossier syrien : "Le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse et la France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents", a asséné François Hollande, sur un ton martial. S'il n'a fixé aucune date, le chef de l'Etat a fait un pas de plus vers une intervention militaire. "Notre responsabilité est de rechercher la riposte la plus appropriée aux exactions du régime. Le massacre chimique ne peut rester sans réponse", a-t-il insisté.

>>> François Hollande a cherché à "obtenir le soutien des Français en vue d'une éventuelle intervention", analyse l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux.

 

Colère à l'Elysée. La scène est inhabituelle chez un François Hollande toujours si maîtrisé. Elle s'est passée vendredi dernier à l'Elysée. En cette fin d'après-midi, François Hollande voit défiler à l'écran les images insoutenables des populations gazées. Devant ses collaborateurs, le président, indigné, laisse éclater sa colère : "on ne peut pas laisser faire ça !" Le dimanche, François Hollande s'entretient avec David Cameron, Angela Merkel et Barack Obama. Car, à la différence du Mali, la France n'est pas seule à décider d'une intervention militaire en Syrie.

fabius le drian

Les hommes de confiance. En France, les discussions n'ont lieu qu'avec une poignée d'hommes : le chef d’Etat major particulier du président, le général Puga, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Toutes les conversations sur les options militaires ont lieu en direct pour éviter les fuites.

Le choix des mots. C'est ce clan très resserré qui a été mis à contribution pour la préparation du discours tenu mardi par François Hollande, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs. "Il faut prendre le pouls de l'opinion, ne pas apparaître en dessous de l’horreur pour obtenir le soutien des Français à une éventuelle intervention", analyse l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux.

Hollande a pris goût à l'international. Pendant la campagne présidentielle, son manque de stature internationale avait été durement moqué. Puis au début de son quinquennat, François Hollande a un peu sous-estimé son rôle de chef des armées. Mais sa décision d'intervenir au Mali - qui a été bien perçue dans l'opinion - a constitué un tournant dans sa présidence. Le président "normal", qui délaissait les questions internationales, y a finalement pris goût. La preuve. Rien qu'au mois de septembre, 40% de son agenda concerne des évènements à l'étranger.