Ravier, un lepéniste de la première heure au Sénat

En six mois, Stéphane Ravier a fait son entrée à la tête d'une mairie de secteur de Marseille et au Sénat.
En six mois, Stéphane Ravier a fait son entrée à la tête d'une mairie de secteur de Marseille et au Sénat. © Reuters
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PORTRAIT - Le maire du 7e arrondissement de Marseille est l'un des deux sénateurs FN à faire son entrée au Sénat.

Deux élections, deux surprises. En six mois, Stéphane Ravier a fait son entrée à la tête d'une mairie de secteur de Marseille et au Sénat. Aucune des deux institutions n'avait compté d'élus FN dans ses rangs jusque-là. Le maire du septième secteur de la cité phocéenne, le plus peuplé, celui des quartiers nord, a été élu sénateur dimanche, avec 12% des voix, derrière Jean-Claude Gaudin (38%) et Jean-Noël Guérini (30%). Il entre ainsi à la chambre haute en même temps que David Rachline, maire FN de Fréjus.

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Dans la marmite du lepénisme. Stéphane Ravier, commercial chez Orange encore en fonction il y a six mois, a 44 ans. Il est au FN depuis qu'il en a 16. Colleur d'affiches, responsable au Front National de la Jeunesse des Bouches-du Rhône, conseiller du 7e secteur de Marseille puis conseiller régional en 2010… Il a gravi tous les échelons, guidé par un "mentor" : Jean-Marie Le Pen. "C'est lui qui m'a accroché à la politique. Je suis né un 4 août, c'est la Saint Jean-Marie. Le 5 août, c'est la naissance de Marine. J'étais fait pour tomber dans la marmite du lepénisme", confiait-il à i-Télé en avril dernier.

"Plus radical que Marine Le Pen". Stéphane Ravier vient des quartiers nord de Marseille. D'un père électricien et d'une mère ouvrier, il "grandi en apprenant les bonnes manières". "Stéphane Ravier est dit affable, courtois. Son grand père était communiste et il aurait pu tout aussi bien suivre la même voie de l'extrême gauche. Mais dès l'adolescence, c'est avec le discours de Jean-Marie Le Pen qu'il se sent en phase", décrit France 3 Provence dans un portrait. De Jean-Marie Le Pen, il s'inspire pour construire un discours "beaucoup plus radical que celui de Marine Le Pen", explique à la chaîne publique Anna Rosso-Roig, transfuge du front de gauche, qui a tenté l'expérience FN avant de se retirer des listes RBM.

Porc dans les cantines et mariage gay. Avant son élection à Marseille, Stéphane Ravier prévient d'ailleurs que la laïcité sera l'une de ses priorités. "Je ferai respecter la loi républicaine. Il n’y aura pas d’interdits religieux. La cantine comme l’école est républicaine", explique-t-il en mars dernier à Libération, interrogé sur le porc à la cantine. Réduire le train de vie de la municipalité, diminuer les subventions aux associations et d'armer les policiers municipaux… Feront parties de ses chantiers principaux, explique-t-il également après son élection en avril dernier, lors d'un point presse. Sa première action en tant qu'élu de la cité phocéenne est toutefois en décalage avec ses priorités : il célèbre un mariage gay le jour même de son entrée en fonction.

Que compte-t-il faire au Sénat ? Aujourd'hui, Stéphane Ravier se rêve en représentant de ceux "qui tiennent à l’identité provençale de leur commune, […] des habitants et des contribuables déçus par la gauche au pouvoir et irrités par cette droite qui soutient la création de la métropole Aix-Marseille que la grande majorité des habitants rejette", confie-t-il au Monde le 23 septembre. Il fait d'ailleurs l'essentiel de sa campagne sur la métropole, se présentant en opposant farouche. Mais Stéphane Ravier vise, pour son parti, plus loin que le Sénat. "Après cette nouvelle marche, il n'y a plus qu'une seule porte à pousser, celle de l'Elysée", lance-t-il dimanche, après l'annonce de son élection.