Robert Badinter : "Non, la défaite de Marine Le Pen n’est pas acquise"

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"S’abstenir aujourd’hui, c’est favoriser l’élection de Marine Le Pen", a estimé l'ancien garde des Sceaux. © LIONEL BONAVENTURE / AFP
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L'ancien ministre de la Justice a mis en garde contre les dangers du FN au pouvoir, dans une interview accordée au JDD.

L'élection présidentielle n'est pas "pliée", pour l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter, qui s'inquiète du taux d'abstention à gauche au second tour, et qui a mis en garde contre les dangers du Front national au pouvoir, dans une interview accordée au Journal du Dimanche

"S'abstenir, c'est favoriser l'élection de Marine Le Pen". L'ancien président du Conseil Constitutionnel estime ainsi que le résultat de l'élection présidentielle "peut dépendre du taux d’abstention au second tour, notamment à gauche. Il suffit qu’une proportion élevée des électeurs s’abstienne de voter pour Emmanuel Macron, et Marine Le Pen peut l’emporter." Il a regretté le choix de Jean-Luc Mélenchon de ne pas appeler à voter contre Marine Le Pen : "s’abstenir aujourd’hui, c’est favoriser l’élection de Marine Le Pen. Si c’est un choix tactique, c’est une erreur politique. Si c’est l’expression d’une conviction, c’est plus grave encore.", a-t-il asséné. 

Chômage et xénophobie, leviers du FN. Le FN, qui a "seulement changé de look", a gagné en électorat car le chômage, "cancer de la société française", conduit politiquement au "rejet de tout gouvernement élu sur la promesse de le réduire et qui n'y parvient pas", estime Robert Badinter. Autre ressort de son ascension, la xénophobie, un fléau multiplié "par le terrorisme islamiste fanatique", estime-t-il. Quant aux dangers du FN au pouvoir, il a notamment mis en garde face au principe constitutionnel de "préférence nationale" qui figure dans le programme de Marine Le Pen. "Elle ouvrirait la voie à des mesures humainement détestables, qu'il s'agisse notamment de l'école, des services de santé, des logements sociaux ou de l'emploi", a-t-il dénoncé.

Le PS ne peut pas "disparaître". L'ancien ministre socialiste a enfin réagi à la situation délicate dans laquelle le PS se trouve aujourd'hui, en reconnaissant "une période de remise en question de son programme et de son organisation" du fait du résultat obtenu au premier tour. Mais "le mouvement socialiste (...) ne peut pas disparaître de la scène politique", a-t-il jugé.