Régionales : un premier tour embarrassant pour Nicolas Sarkozy

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Margaux Baralon avec Aurélie Herbemont , modifié à
RÉGIONALES - Les résultats en demi-teinte de son parti et ses alliés au premier tour des régionales fragilisent en interne le patron de Les Républicains.

Au lendemain du premier tour des élections régionales, la seconde place a un goût amer pour les cadres de droite. Les 26,7% de suffrages obtenus sont une déception pour Les Républicains et leurs alliés de l'UDI, qui espéraient profiter de l'impopularité du gouvernement socialiste pour faire déferler une "vague bleue" sur les conseils régionaux.

Le "barrage contre le FN" submergé. Non seulement la droite n'améliore pas son score par rapport aux précédentes élections de 2010 (lors desquelles elle avait obtenu 26,02% des voix au même stade), mais elle ne remplit pas son rôle de barrage pour le Front national, pourtant revendiqué par Nicolas Sarkozy pour justifier son retour en politique après la défaite de 2012. En Provence-Alpes-Côte d'Azur et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, pour ne prendre que les exemples les plus flagrants, les candidats LR sont distancés de plus de 10 points par Marion Maréchal-Le Pen et Marine Le Pen. A tel point que même le retrait annoncé des listes socialistes dans ces deux régions ne garantit pas, loin s'en faut, une victoire de la droite.

"Il ne suffit pas d'aboyer". Si le coup est dur pour le parti entier, il l'est particulièrement pour son patron. Ces résultats décevants sont un coup porté à la stratégie que Nicolas Sarkozy suit depuis son élection à la tête des Républicains, et avait déjà suivi pendant la campagne de 2012, consistant à tenter de récupérer les électeurs Front national en marchant sur les plates-bandes de Marine Le Pen. "Il ne suffit pas d'aboyer", commente, sévère, un proche de François Fillon au soir du premier tour des régionales, quand un juppéiste ironise sur une méthode droitière "qui marche bien". Mais les indéfectibles soutiens de Nicolas Sarkozy, eux, n'en démordent pas : tenter un appel du pied vers le centre alors que les Français n'ont jamais voté aussi à droite est voué à l'échec.

Ni fusion ni retrait. Dans ce contexte, le bureau politique que s'apprête à tenir Les Républicains lundi en fin de matinée pour arrêter la stratégie à suivre au second tour, dimanche 13 décembre, risque d'être mouvementé. Dès dimanche soir, Nicolas Sarkozy a en effet prévenu qu'il proposerait lors de cette réunion de "refuser toute fusion ou retrait de liste". En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées par exemple, où le candidat de droite, Dominique Reynié, est arrivé bon troisième, il n'est pas question de faire jouer le front républicain face au frontiste Louis Aliot, sorti en tête.

Le "ni-ni" ne fait pas l'unanimité. Cette position du "ni-ni" est majoritaire au sein des Républicains mais ne fait pas l'unanimité. Jean-Pierre Raffarin notamment devrait plaider pour le retrait de Dominique Reynié. Au soir du premier tour, Alain Juppé a refusé de donner un avis explicite, ce qui le démarque de facto de Nicolas Sarkozy. Et ce dernier n'est pas non plus sur la même longueur d'onde que ses soutiens centristes, favorables à un front républicain. "Partout où le Front national peut gagner, nous souhaitons le retrait des listes qui arrivent en troisième position, quelles que soient les listes", a ainsi déclaré Jean-Christophe Largade, président de l'UDI, dimanche soir.

Des divergences à long terme. Quand bien même les proches d'Alain Juppé promettent qu'il n'y aura pas d'attaques frontales lors du bureau politique, nécessité de se serrer les coudes entre les deux tours oblige, ces divergences auront des conséquences à plus long terme, avec en ligne de mire la primaire de 2016. Elles ont d'ailleurs déjà commencé à se faire jour. "C'est l'échec de Nicolas Sarkozy, a fustigé Hervé Mariton lundi matin. D'évidence, [il] n'est pas crédible comme représentant d'alternance" pour 2017. "Nous n'avons pas de leader officiel, légitime, qui porte les couleurs officielles de l'ensemble du parti", a renchéri Eric Woerth. Comme souvent en politique, la remise en question que les cadres Les Républicains appellent de leurs vœux ne pourra se faire sans quelques dommages collatéraux.

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