Primaire de la droite : leurs mesures choc pour changer l’école

© Martin BUREAU / POOL / AFP
  • Copié
L’éducation, notamment, sera au menu du deuxième débat de la primaire de la droite, jeudi soir. En la matière, les sept candidats rivalisent de propositions pour se démarquer. 

L’école de la République devrait être au centre du deuxième débat de la primaire de la droite, jeudi soir. En tout cas pour un temps. Car l’éducation est au programme de la confrontation entre les sept candidats à la candidature, avec les questions de sécurité et d’exercice du pouvoir. Ce sera donc l’occasion pour Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson de tenter de se démarquer sur ce sujet central. Car si sur plusieurs points, et notamment l’autonomie des établissements, fait consensus, chacun a sa ou ses petites formules pour sortir du lot.

Alain Juppé : le changement dans la modération

Pour le maire de Bordeaux et favori de la primaire, l’éducation est "la mère de toutes les réformes". Mais fidèle à sa légendaire modération, l’ancien Premier ministre ne propose pas de mesures trop radicales, et souvent étalées sur la durée du quinquennat. Alain Juppé propose donc d’augmenter de 10% les salaires du primaire, contre une plus grande présence des enseignants. Il souhaite par ailleurs réaffecter des postes du secondaire vers la primaire. "Mais cela ne peut se faire du jour au lendemain. Il faudra étaler cette réforme sur les cinq ans du mandat présidentiel", tempérait-il conscient de la sensibilité d’une telle proposition, en août 2015 dans Le Parisien Magazine. Enfin le maire de Bordeaux souhaite raccourcir des vacances d’été. Là encore, sujet sensible.

Nicolas Sarkozy : haro sur les décrocheurs

Fidèle à sa ligne de conduite, Nicolas Sarkozy n’y va pas de main morte, sur l’éducation comme sur le reste. Son combat : lutter contre les décrocheurs. Il propose ainsi, dans un premier temps, de suspendre les allocations familiales d’un élève trop absentéiste. Il n’est pas le seul, cela dit, puisque Alain Juppé et François Fillon le proposent également. Mais l’ancien président, lui, se démarque en voulant imposer à ses 18 ans, à un élève décrocheur (ni diplômés, ni qualifiés, ni embauchés) un service militaire obligatoire. Histoire de les remettre dans le droit chemin.  

Nicolas Sarkozy souhaite aussi augmenter le temps de travail des enseignants qui, dit-il, "ne travaillent que six mois par an". En contrepartie, il s’engage à réévaluer leur salaire. Cela lui permet surtout de supprimer des postes de fonctionnaires.

Jean-François Copé : uniforme, drapeau et Marseillaise

Le député-maire de Meaux propose en premier lieu la fin du collège unique, qui doit mener à l’autonomie totale des établissements. Il compte aussi, s’il est élu président de la République, imposer régulièrement une cérémonie du drapeau tricolore, suivi d’une Marseillaise, sur le modèle américain. Enfin, tous les élèves des écoles publiques se verront imposer un code vestimentaire imposé par son établissement. Un uniforme, en somme.

Bruno Le Maire :  l'accent sur l'apprentissage

Comme nombre de ses rivaux, l’ancien ministre de l’Agriculture fait de l’éducation "sa priorité absolue". S’il souhaite d’abord renforcer l’apprentissage du français en primaire et la fin du collège unique, c’est sur l’apprentissage qu’il fait les propositions les plus originales. Bruno Le Maire souhaite ainsi fusionner les lycées professionnels et les CFA (centre de formation des apprentis) pour créer des écoles professionnelles, qu’il veut aussi prestigieuse que les grandes écoles de formation intellectuelle. Ces établissements seraient placés sous le patronage des régions, en lien étroit avec les entreprises.

François Fillon : réécrire l'Histoire

Pour François Fillon, c’est tout l’enseignement d’histoire qu’il faut réécrire. L’ancien Premier ministre, s’il est élu, réunira trois académiciens pour réécrire les programmes d’histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national. Et surtout, il mettra fin à ce système qui veut que les maîtres ne soient plus obligés d’apprendre aux enfants "à comprendre que le passé est source d’interrogations". Notamment sur la colonisation, revisitée, lors de son discours à Sablé-sur-Sarthe le 28 août, comme "le partage de la culture française aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord".

Nathalie Kosciusko-Morizet : collège unique et autorité

NKM est la seule à ne pas proposer la fin du collège unique, qu’elle considère comme un acquis. Par ailleurs, elle veut restaurer l’autorité à l’école, en mettant l’accent sur la formation des maîtres à la pédagogie et ouvrir l’école aux parents d’élèves. Enfin, la députée de l’Essonne veut augmenter drastiquement le nombre d’heures d’apprentissage du français. A noter que l’éducation tient une place assez modeste dans le projet présidentiel mis en ligne sur son site de campagne.

Jean-Frédéric Poisson : coup de pouce au privé et au hors-cadre

Le président du Parti chrétien-démocrate veut aussi favoriser la liberté scolaire. A savoir relever le ratio public/privé (en faveur de ce dernier) et faciliter l’installation d’écoles hors contrat. C’est-à-dire des établissements totalement émancipés de l’Education nationale, et donc des programmes officiels. Enfin, le très catholique Jean-Frédéric Poisson veut inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution.