Pour François Bayrou, "la majorité n'est pas un syndicat de défense du pouvoir"

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Romain David , modifié à
Taxé d'"emmerdeur" par le Premier ministre, le maire de Pau a estimé au micro d'Europe 1 que la grogne des "gilets jaunes" devait être relayée au sein de la majorité.
INTERVIEW

"Il joue les emmerdeurs". Selon des propos rapportés par Le Canard enchaîné, Edouard Philippe s'agacerait des prises de position de François Bayrou, qui a publiquement demandé un moratoire sur les taxes liées à la fiscalité écologique. Un rôle de poil à gratter qu'assume pleinement le patron du MoDem, le parti allié de La République en marche ! au sein de la majorité présidentielle. "La majorité n'est pas un syndicat de défense du pouvoir, elle est l’expression du pays dans ce qu'elle doit avoir de plus authentique", a défendu jeudi François Bayrou au micro d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1.

Un atout pour la majorité ? "L'écho de ce qui se passe dans le pays, des inquiétudes qui sont celles de nos concitoyens […], cette voix-là doit être relayée à l'intérieur de la majorité", martèle l'ancien garde des Sceaux d'Emmanuel Macron. "Si je suis cette voix-là, je ne crois pas que ce soit un moins, mais un plus pour la majorité", fait-il valoir.

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Entendu sur europe1 :
À un moment on ne peut pas gouverner contre le peuple, et de ce point de vue là, il ne faut pas ajouter des charges aux charges

"Je ne dis pas que j'ai la clef ou une baguette magique." François Bayrou a dû lui-même faire face à la colère des "gilets jaunes", alors qu'une poignée d'entre-eux a réussi à s'introduire dans la mairie de Pau jeudi, pendant un conseil d'agglomération. "On est devant une question de modèle, c'est la société toute entière qui est interrogée et prise à partie par ceux qui sont en train de manifester et qui disent : c'est une société ou nous n'avons pas de place, ni comme consommateur, ni comme citoyen", analyse-t-il.

L'élu invite surtout l'exécutif à faire preuve de prudence face à l'ampleur de la grogne, notamment en retardant la hausse des taxes sur les prix des carburants à la pompe, prévue pour le 1er janvier. "Je ne crois pas aux solutions simples qui résolvent tout. Je ne dis pas que j'ai la clef ou une baguette magique […] À un moment on ne peut pas gouverner contre le peuple, et de ce point de vue là, il ne faut pas ajouter des charges aux charges", avertit le fondateur du MoDem.

L'attente sociale. Alors qu'Emmanuel Macron a indiqué mardi qu'il entendait maintenir son cap en matière de transition énergétique, tout en annonçant la création d'un Haut-Conseil pour le Climat qui aura notamment à charge d'évaluer l'impact des mesures prise, François Bayrou plaide pour un virage social. "Je pense qu'il ne peut pas y avoir en 2018, 2019, 2020, en cette première partie du XXIe siècle, un projet politique qui ne prenne pas en compte l'attente sociale. C'est impossible, parce que tout va ensemble", estime François Bayrou. "Le pire serait un pouvoir qui s'enferme dans un tour d'ivoire et dirait : 'c'est comme ça et pas autrement'", conclut-il.