Marion Maréchal-Le Pen, l’aile dure du FN ?

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En campagne pour les régionales en Paca, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen multiplie les phrases chocs, sur les musulmans et l’avortement par exemple. Gênant pour Marine Le Pen ? Pas forcément…

Marion Maréchal-Le Pen tient la forme. Dans les sondages, qui la donnent volontiers gagnante lors des régionales en Paca, mais aussi en meeting. La candidate FN s’est fendue ces derniers jours de propos particulièrement polémiques, l’un sur l’avortement, l’autre sur les musulmans, qui ont soulevé un tollé certain chez ses adversaires, et ont semblé embarrasser Marine Le Pen, sa tante, présidente du Front national. Une preuve de plus que la petite-fille Le Pen, qui n'a pas encore 26 ans, représente une tendance bien à part au sein de son parti, mais aussi qu’elle a le souci de se démarquer.     

  • Planning familial et musulmans dans le viseur

Retour, d’abord sur les propos polémiques. Le 13 novembre, jour des attentats de Paris, lors d’un meeting organisé par la Manif pour Tous, Marion Maréchal-Le Pen affirme que si elle est élue, elle supprimera les subventions au planning familial, une association chargée entre autres de venir en aide aux femmes dans le cadre de l’IVG, pour cause, dit-elle de "banalisation de l’avortement". Actualité oblige, la déclaration n’est reprise que plus tard et pousse Marine Le Pen à prendre ses distances. "La proposition n’est pas dans les projets du Front national", a précisé vendredi la présidente du parti sur iTélé.

Autre cible de la petite-fille Le Pen : les musulmans. Le 21 novembre, elle estimait qu’ils "ne peuvent avoir exactement le même rang" en France que les chrétiens. Mardi soir à Toulon, elle leur a carrément posé ses conditions pour être "vraiment Français". "Si des Français peuvent être de confession musulmane, c'est à la condition seulement de se plier aux moeurs et au mode de vie que l'influence grecque, romaine, et seize siècles de chrétienté ont façonné. Chez nous, on ne vit pas en djellaba et on ne vit pas en voile intégral et on n'impose pas des mosquées cathédrales", a-t-elle lancé.  

  • Convictions profondes… et stratégie électorale

Ces sorties répondent à deux logiques. D'abord, les convictions profondes de la jeune femme. "Elle a plusieurs fois rappelé son attachement au lien entre une catholicité, des racines chrétiennes et la France", relève Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême-droite. "Sur le planning familial et l’Islam, elle exprime là des convictions personnelles". Marion Maréchal-Le Pen est en effet, contrairement à sa tante ou le vice-président du FN Florian Philippot, pétrie de catholicisme à tendance traditionaliste. Sa scolarité à l’institution Saint-Pie X, dans les Hauts-de-Seine, l’a ainsi durablement marquée. Et c’est logiquement que, contrairement aux deux dirigeants du Front national, elle a activement participé aux manifestations anti-mariage gay. Et cette ligne a connu un certain écho au sein de son parti, en témoigne un quasi-plébiscite pour l'élection du comité central du parti en novembre 2014.

Les convictions donc, mais pas seulement. Il y a, aussi, le contexte électoral de Paca. "L’ambiance locale fait qu’elle a besoin de se démarquer de la droite représentée par Christian Estrosi et Eric Ciotti, par exemple, une droite particulièrement décomplexée", rappelle Jean-Yves Camus. "Elle a besoin de se démarquer. Sur le planning familial, elle y parvient aisément, puisque aucun autre parti n’osera proposer la même chose qu’elle. Mais sur les musulmans, elle exploite un terreau régional favorable, puisque Paca se situe en première ligne de flux migratoires, de Méditerranée ou de Vintimille". Avec le souci d’aller plus loin que ses adversaires des Républicains.

  • Marine Le Pen reste sereine

La combinaison est toutefois explosive, car à chaque fois, les propos suscitent au moins la réprobation, sinon le tollé. Même Christian Estrosi, celui qui avait parlé d’une "cinquième colonne" islamiste, s’est offusqué que les musulmans soient ainsi traités.

De quoi gêner Marine Le Pen dans sa quête présidentielle de 2017 ? "Pas forcément, elle peut en avoir besoin, car Marion Maréchal-Le Pen s’adresse à un électorat différent, à une sociologie différente", affirme Jean-Yves Camus. Pour autant, en 2017, il faudra sans doute faire plus attention. "Il y aura une candidate et des soutiens. Et la parole sera sans doute plus contrôlée", poursuit le politologue.

En tous cas, même si la popularité de Marion Maréchal-Le Pen va grandissant, sa tante n’a dans l’immédiat pas de souci à se faire. "Marion Le Pen est encore très jeune. Elle aura besoin de renouveler son ancrage local pour prendre une autre dimension", explique Jean-Yves Camus. "Mais pour l’instant, elle est encore loin d’avoir la stature présidentielle". La guerre entre la tante et la nièce n’est pas pour demain. Pour après-demain, peut-être. 

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