Manuel Valls dans "ONPC" : "il a besoin d’exister médiatiquement"

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DÉCRYPTAGE - Un spécialiste de la communication politique décrypte pour Europe 1 la venue de Manuel Valls sur le plateau samedi d'"On n'est pas couché", une première pour un Premier ministre en exercice.
INTERVIEW

Manuel Valls chez "On n'est pas couché" samedi 16 janvier. La nouvelle a fait son petit effet et même provoqué une question ironique d’un député Les Républicains à l’Assemblée nationale. Car c’est bien la première fois qu’un Premier ministre en exercice accepte l’invitation de cette émission réputée pour la saillie de ses chroniqueurs et sa propension à faire le buzz.

Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique, analyse pour Europe 1 la venue de Manuel Valls dans cette émission diffusée sur France 2.

Pourquoi le Premier ministre a-t-il accepté d’aller à "On n'est pas couché" ?

Manuel Valls a un grand besoin d’exister médiatiquement. Dans la séquence actuelle, il n’est plus visible avec un président de la République qui est à la manoeuvre. François Hollande incarne l’Etat tandis que Manuel Valls est son supplétif, il est redevenu un collaborateur du président comme le disait Nicolas Sarkozy de François Fillon. Or, Manuel Valls, qui est aussi débordé sur son côté gauche par Taubira et sur son côté droit par Macron, ne peut pas se permettre de tenir un discours différent sur le fond. Il lui reste donc des émissions comme "On n'est pas couché" ou "Le Petit Journal" qu’il a fait récemment. Des émissions qui sont prises très au sérieux par son équipe et dont le but est de travailler sa popularité.

Quel est le public visé ?

Le grand public. Alors que "Le Petit Journal", c’était plutôt la jeunesse bobo. L’interview était d’ailleurs plutôt ratée, Manuel Valls n’arrivait pas à sourire. La seule chose que l’on a retenue, c’est "ça fait longtemps que je ne me suis pas bourré la gueule". Avec "On n'est pas couché", les communicants visent aussi un public qui s’intéresse à la politique et qui est plutôt de gauche. L’idée c’est de rendre plus sympathique le Premier ministre.

Quels sont les risques pour Manuel Valls ?

Il peut déraper et renforcer sa caricature d’homme autoritaire. Il faut qu’il joue le jeu de l’émission sinon il pourra apparaître trop agressif, trop dur, trop écrasant. Le risque c’est qu’il s’enferme dans son seul rôle médiatique, celui d’un procureur qui désigne ses adversaires du doigt, ce personnage colérique d’un Sarkozy bis dont il n’arrive pas à s’en sortir. Ce type d’émission est là pour l’humaniser.