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M.B. , modifié à
Luc Carvounas, sénateur proche de Manuel Valls, a assuré que le Premier ministre restait loyal à François Hollande. Tout en soulignant la perte de crédit de ce dernier.
INTERVIEW

Bel exercice d'équilibriste que celui de Luc Carvounas, sénateur socialiste du Val-de-Marne, sur Europe 1 samedi matin. Interrogé sur les velléités de candidature à la primaire de la gauche de Manuel Valls, dont il est l'un des fidèles lieutenants, le parlementaire a d'abord assuré que le Premier ministre ne court-circuiterait jamais François Hollande. "Si le président de la République est candidat [à la primaire de la gauche], Manuel Valls sera évidemment en soutien du président de la République candidat. Nous n'allons pas ajouter du désordre au désordre."

"Ce livre n'aurait jamais dû exister". Pas question pour le Premier ministre, donc, de se lancer en même temps que le chef de l'État. Mais, et c'est là toute la subtilité du propos, Luc Carvounas a sous-entendu que François Hollande pourrait (devrait ?) ne pas y aller. "Je vois le trouble qui s'est installé avec ce livre qui n'aurait jamais dû exister dans la gauche française", a-t-il dit, faisant allusion à Un président ne devrait pas dire ça, qui compile les confidences du locataire à l'Élysée. Dans cet ouvrage, deux journalistes du Monde ont rapporté des propos gênants que François Hollande a tenus, comme par exemple des critiques acerbes sur la justice qui l'ont obligé à faire des excuses aux magistrats par la suite. Surtout, le livre a renvoyé l'image d'un homme plus commentateur de la vie politique que véritable acteur.

 

Bons sondages. "Ce livre n'est pas, pour moi, ce qui doit incarner les institutions", a asséné Luc Carvounas. "Il a ébranlé les institutions." Or, "le Premier ministre est le garant des institutions". Autrement dit, Manuel Valls serait le seul des deux membres du couple exécutif à avoir encore la stature pour se lancer à la présidentielle, selon le sénateur. Il peut d'ailleurs s'appuyer sur un sondage Odoxa, publié vendredi, qui montre que le Premier ministre est le moins mal placé, à gauche, si François Hollande renonçait à se présenter. En effet, 54% des sympathisants de gauche (et 72% des sympathisants socialistes) le jugent capable, dans cette configuration, d'être un bon président.

Pas de menace Macron. "Les enquêtes d'opinion sont très favorables à Manuel Valls parce que les Français voient en lui un homme d'État, quelqu'un qui a prouvé qu'il était là pour réformer le pays et pour nous protéger", a estimé Luc Carvounas. Le sénateur a par ailleurs écarté l'hypothèse d'une "menace Macron", jugeant que l'avance prise par le ministre de l'Économie n'était que l'effet logique de ses sorties médiatiques. "Il a commencé sa campagne. La gauche de gouvernement n'est pas [encore] incarnée, il n'y a pas de candidat officiel [à la primaire]", a-t-il rappelé.