"Les Républicains": l'UMP se résigne à son futur nom

© DOMINIQUE FAGET / AFP
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Louis Hausalter , modifié à
SANS ENTHOUSIASME - Le choix de Nicolas Sarkozy pour rebaptiser le parti semble arrêté. A l'UMP, on s'en contente, faute de mieux.

Après avoir validé les modalités de la primaire, le bureau politique de l'UMP s'attaque mardi aux futurs statuts du parti, que Nicolas Sarkozy souhaite refonder, mais aussi rebaptiser. Le président de l'UMP a tranché : il souhaite que son parti se nomme désormais "Les Républicains". L'information a été confirmée à l'AFP et au Monde par plusieurs sources au sein de l'UMP.

"Le temps des acronymes est fini". Abondamment relayé par la presse après avoir fuité, ce nom n'a jamais été ni confirmé ni démenti publiquement par Nicolas Sarkozy. Mais ses propos dans un entretien au JDD, dimanche, laissent peu de doutes quant à ses intentions. "Je souhaite que le choix du nouveau nom soit collectif. Mais pour moi, le temps des acronymes est fini", insiste Nicolas Sarkozy dans cette interview. L'ancien chef de l'Etat s'agace ainsi régulièrement de voir le Front national dénoncer l'"UMPS", au point de fustiger lui-même le "FNPS".

Dans le JDD, Nicolas Sarkozy s'emploie aussi à faire longuement l'éloge des "valeurs de la République". Passant en revue les différentes familles de l'UMP, il observe : "qu'est-ce qui rassemblera tous ces courants politiques ? L'idée que nous nous faisons de la République".

Alain Juppé 8.2.15

"Pourquoi pas", dit Juppé. A l'UMP, c'est peu de dire que le futur nom ne soulève pas l'enthousiasme. Mais les ténors finissent, un par un, par s'y résigner. Alain Juppé, principal rival de Nicolas Sarkozy dans la course à la présidentielle, ne compte pas lui mettre de bâtons dans les roues sur ce terrain là. Les Républicains, "pourquoi pas", a lâché le maire de Bordeaux, dimanche sur France 2. Tout en ajoutant : "les militants décideront, c'est à eux de choisir".

"L'étiquette UMP a été assez abimée ces derniers temps", explique à Europe 1 Hervé Gaymard, député de Savoie et soutien d'Alain Juppé. Et pas seulement à cause de ses ennuis judiciaires : "même avant l'affaire Bygmalion, l'UMP s'est beaucoup crispée et droitisée", assure l'ancien ministre. "Changer de nom, ça ne mange pas de pain", poursuit-il. Et à ses yeux, la dénomination "Les Républicains" pourrait faire l'affaire, "faute de mieux".

"Si Nicolas Sarkozy le veut…" "Ce nom n'est pas mauvais, il a des défauts et des qualités", juge de son côté le filloniste Dominique Bussereau. Mais le député UMP de Charente-Maritime ne déborde pas non plus d'enthousiasme. "Les changements de nom, c'est compliqué, ça coûte beaucoup d'argent, et on court toujours un risque en modifiant un nom ancré depuis 13 ans. Mais si Nicolas Sarkozy le veut…", ajoute-t-il, un rien fataliste.

"C'est la droite américaine", fustige Cambadélis. L'officialisation pourrait avoir lieu lors du congrès de l'UMP, le 30 mai. Mais au Parti socialiste, on n'a pas attendu pour dégainer les critiques. " Nicolas Sarkozy est à ce point fasciné par M. Bush qu'il en a repris le sigle", a raillé Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTélé. "C'est la droite américaine. Ils ont même le Tea Party, avec la Droite forte", a-t-il ajouté, faisant référence à ce courant de l'aile dure de l'UMP. "Un argument fallacieux", balaie Hervé Gaymard. "Les électeurs ne vont pas comparer".

Quoi qu'il en soit, le changement de nom semble être un domaine réservé de Nicolas Sarkozy. Invitée d'Europe 1 lundi, Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro 2 de l'UMP, est restée très prudente sur le sujet. "Je n'ai pas d'annonce à faire là-dessus, mais je trouve que c'est un mot qui peut nous réunir", s'est contentée d'observer la députée des Yvelines. Pas d'enthousiasme, on vous dit.