Le mystérieux "procès" des candidats FN à problèmes

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© BERTRAND GUAY / AFP
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Les candidats qui avaient dérapé lors des élections départementales seront entendus jeudi par la commission des conflits du FN.

Marine Le Pen avait promis "une fermeté totale". L'occasion lui est donnée de passer des paroles aux actes. Jeudi et vendredi, la commission des conflits du FN va en effet "juger" les candidats aux départementales repérés par les médias pour leurs dérapages. Mais ils ne le seront pas tous…

"Ce n'est pas aux médias de décider qui va être convoqué". Comme lors des élections municipales de 2014, le Front national, tout à son envie d'étendre son influence sur l'ensemble du territoire, avait dû investir, pour les élections départementales de mars dernier, des hommes et des femmes novices en politique, de 18 à 77 ans (et bien plus). Résultat : des dérapages en série, principalement sur les réseaux sociaux. Quelque 104 candidats avaient été épinglés par la presse. "Mais nous n'avons retenu que 34 cas, détaille Nicolas Bay, secrétaire général du Front national (photo), contacté par Europe 1. "Ce n'est pas aux médias de décider qui va être convoqué en commission des conflits !", considère-t-il. Bruno Bilde, conseiller spécial de Marine Le Pen parle, lui, "d'une quarantaine de cas".

"Vous en savez plus que moi…" Interrogé sur la façon dont s'y est pris le FN pour déterminer qui serait ou non convoqué, Bruno Bilde élude. Nicolas Bay, lui, explique que la liste a été élaborée lors d'une réunion du Bureau exécutif. Contactée par Europe 1, Marie-Christine Arnautu, membre de cette instance et proche de Jean-Marie Le Pen, ne se souvient pourtant pas d'un tel travail en bureau exécutif : "vous en savez plus que moi…" De là à imaginer que les lepénistes sont mis de côté - comme l'a révélé Europe 1 mercredi matin -, il n'y a qu'un pas que Marie-Christine Arnautu se refuse - pour l'heure - à franchir.

"Nous sommes un peu une chambre de l'instruction". Quant à la composition de la commission des conflits, là encore difficile d'avoir une réponse précise. Les instances du parti (commission d'investiture, Bureau politique, comité central, Bureau exécutif) sont toutes présentées sur le site officiel du mouvement, à l'exception de ladite commission des conflits. Joint par Europe 1, Bruno Bilde confie en être membre, mais il ne nous éclairera pas bien plus : "nous sommes huit. Le président est Jean-François Jalkh. Il y a aussi Nathalie Pigeot qui représente les fédérations, mais pour le reste… La commission a été rénovée lors du dernier congrès, donc c'est la première fois que l'on se réunit".

Pour sa première, la commission va donc entendre une petite quarantaine de candidats, sur deux jours, et pendant 30 minutes chacun. "Nous sommes un peu une chambre de l'instruction", explique Bruno Bilde.

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 "Je suis sereine, parce que je n'ai rien à me reprocher". Europe 1 a retrouvé l'un de ces candidats convoqués pour dérapage incontrôlé. Catherine Cauzeret, conseillère municipale à Villedieu-sur-Indre, avait commenté, le 19 juillet 2014, la condamnation d'Anne-Sophie Leclère, ex-candidate FN dans les Ardennes aux municipales de 2014 qui avait comparé la ministre de la Justice, Christiane Taubira, à un singe. "Elle a dit ce que tout le monde pense tout bas", avait-elle écrit, ce qui lui vaut sa convocation."Je suis sereine, parce que je n'ai rien à me reprocher. Je ne pense pas être exclue. C'est la première fois que cela m'arrive, et je n'ai pas été ordurière, je voulais simplement dire que je trouvais cette condamnation trop lourde", nous explique-t-elle de sa petite voix timide.

"Mais je ne savais pas que j'avais droit à 30 minutes !" "Sereine", Catherine Cauzeret ne l'est pas autant qu'elle le dit. Quand on lui demande comment elle compte utiliser ses 30 minutes de temps de parole devant les cadres de son mouvement, c'est panique à bord : "mais je ne savais pas que j'avais droit à 30 minutes ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ?" Il faudra en tout cas être persuasive. "Après avoir écouté leurs explications, la commission va proposer une sanction, qui peut aller de la relaxe à la suspension provisoire voire jusqu'à l'expulsion. Et, au final, c'est la présidente du parti, donc Marine Le Pen, qui validera ou pas la proposition que nous lui aurons formulée", explique Nicolas Bay. Les candidats entendus seront fixés sur leur sort, par voie postale, "d'ici 15 jours".