La visite très "business" de Raul Castro à Paris

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David Doukhan avec M.B. , modifié à
RÉVOLUTION - Le dirigeant cubain rencontrera des chefs d'entreprise lors d'un déplacement destiné à tourner la page du communisme révolutionnaire.

C'est une première. Jamais un président cubain n'avait effectué une visite d'Etat en France depuis l'indépendance du pays. La venue de Fidel Castro, en 1995, avait été orchestrée par l'ONU et non la France, même si François Mitterrand avait reçu le dirigeant de l'époque avec tous les honneurs. Vingt-et-un ans plus tard, Raul Castro a, lui, droit au plus haut niveau protocolaire pour un déplacement de chef d'Etat.

"La révolution, c'est le passé". Cette visite est symbolique et doit entériner le rapprochement de Cuba avec l'Occident. Mais elle est surtout placée sous le signe de l'avenir. Pour preuve, Raul Castro a refusé de voir l'exposition d'Agnès Varda, au musée Beaubourg, sur le Cuba des années 1960. Et préféré se rendre au Musée de l'Homme, flambant neuf, récemment inauguré par François Hollande. "La révolution, c'est le passé", explique un Cubain en poste à Paris. "L'Homme, c'est l'avenir."

Sortir Cuba de l'isolement. En réalité, Raul Castro ne veut plus entendre parler des vieux faits d'arme de son frère Fidel. Le chef d'Etat ambitionne, à son tour, de marquer l'histoire de Cuba en sortant son pays de l'isolement. Lors du dîner d'Etat organisé lundi soir, le président cubain sera donc entouré de chefs d'entreprise alléchés par un marché du tourisme presque vierge, comme Martin Bouygues. Il y rencontrera également le DJ David Guetta, qui rêve d'organiser un grand concert à La Havane, et une délégation de la maison Chanel, désireuse de monter son prochain grand défilé dans la capitale cubaine. Deux perspectives qui ne manqueront pas de faire frémir d'angoisse les derniers adeptes du communisme révolutionnaire.

Quelques communistes présents. Ces derniers seront tout de même présents. Jean-Luc Mélenchon compte ainsi surmonter sa détestation de François Hollande pour échanger quelques mots avec Raul Castro. Et Liliane Marchais, la veuve de l'ancien leader du PCF Georges Marchais, sera là aussi. Mais, prévient un haut diplomate, "si certains sont nostalgiques du romantisme castriste, ils risquent d'être déçus. Raul est là pour affaires."