La pré-campagne de François Hollande peine à démarrer

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Les participants à la "Belle Alliance Populaire" étaient réunis, samedi, au gymnase Japy à Paris. © ALAIN JOCARD / AFP
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Le président n'est pas (encore) officiellement candidat à sa réélection, mais ses soutiens s'organisent déjà. Et ils ont du mal à fédérer.

C'est un meeting dont les absents risquent d'être plus remarqués que les présents. Lundi, "Hé oh la gauche!", le mouvement de soutien à François Hollande fondé par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, se rassemble au gymnase de Lille, à 19 heures. Il s'agit, en réalité, du rattrapage d'un premier rendez-vous manqué, le 17 mai dernier, annulé, officiellement, en raison des manifestations contre la loi Travail. Selon Le Canard Enchaîné, cependant, il s'agissait surtout de ne pas s'aventurer sur les terres d'une Martine Aubry très critique vis-à-vis du gouvernement, et qui n'avait même pas été prévenue en amont de la tenue de l'événement.

Les aubrystes sèchent les meetings. Cette fois, les organisateurs ont balisé le terrain, et bien invité la maire de Lille. En vain. Celle-ci, en convalescence après des ennuis de santé, ne viendra pas. Ni Gilles Pargneaux, l'un de ses proches, qui dirigeait la fédération socialiste du Nord entre 2005 et 2015, ni les députés Pascal Lamy et Jean-Marc Germain, qui font également partie de ses fidèles, ne seront présents. Symptomatique de la difficulté, pour les mouvements pro-gouvernement qui fleurissent à l'approche de la campagne présidentielle de recoller les morceaux d'une majorité plus divisée que jamais.

"Elle est où la gauche ?". La "Belle Alliance Populaire" de Jean-Christophe Cambadélis a rencontré le même problème lors de sa première "assemblée nationale", samedi. "Elle est où la gauche ? Elle est là !", a scandé le patron du PS devant les quelques centaines de militants et responsables socialistes réunis au gymnase Japy, dans le 11e arrondissement de Paris. Cette gauche représentative, selon "Camba", d'un "courant unitaire", ne comptait pourtant ni frondeurs, ni aubrystes. "Nous ne croyons pas une seconde à une tentative d'alliance au fil de l'eau avec des fragments épars de la gauche", a justifié le chef de file des premiers, Christian Paul, au JDD. Les radicaux de gauche, pourtant alliés parmi les plus fidèles du gouvernement, ont également séché l'événement, après avoir annoncé cette semaine la "suspension" de leur participation à la Belle Alliance Populaire.

Difficile de récupérer les déçus du quinquennat. Cette gauche, surtout, était loin d'être survoltée. Un public, certes acquis à la cause du gouvernement mais clairsemé, a assisté à la défense du bilan du quinquennat, de la COP 21 au tiers-payant, en passant par la retraite à 60 ans pour les travailleurs ayant commencé tôt. Seule Marisol Touraine a réussi à secouer l'auditoire en épinglant le patron du Medef, Pierre Gattaz, qui a refusé cette semaine d'appliquer le compte-pénibilité, porté par la ministre de la Santé pendant la réforme des retraites.

Si les mouvements pro-gouvernement ont du mal à fédérer la gauche, ils peinent également à apaiser les tensions, déjà très vives dans un contexte de lutte syndicale contre la loi Travail, avec les déçus du quinquennat. En témoigne la dernière réunion de "Hé oh la gauche" à Bordeaux, le 29 juillet. Devant une salle "à peine remplie", selon un journaliste de Rue89 Bordeaux présent sur place, Stéphane Le Foll avait essuyé huées et quolibets avant que le service d'ordre expulse plusieurs personnes. La campagne socialiste pour 2017 s'annonce mouvementée.