LA PHOTO - Une manifestante qui "devient un symbole"

Une manifestante contre les ordonnances de réforme du code du travail, à Nantes, mardi.
Une manifestante contre les ordonnances de réforme du code du travail, à Nantes, mardi. © LOIC VENANCE / AFP
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Le photographe Loïc Venance couvrait mardi, à Nantes, la manifestation contre les ordonnances de réforme du code du travail. 

Chaque semaine, Europe1.fr vous propose un regard décalé sur l'actualité politique, dans l'objectif d'un photographe de l'AFP.

Ils ont été plusieurs dizaines de milliers, jeunes et vieux, cégétistes et étudiants, insoumis et syndiqués, fonctionnaires et salariés du privé, à descendre dans la rue. Mardi, la CGT a organisé la première manifestation contre les ordonnances visant à réformer le code du travail. À Nantes, c'est Loïc Venance, photographe à l'AFP, qui a suivi le cortège. Il raconte à Europe1.fr les coulisses de cet après-midi, marqué par son calme plus que par les gaz lacrymogènes.

  • Choisir le moment

La photo a été prise en début de manifestation, quand tout le monde se rassemble avant que le cortège parte. C'est un moment où on peut facilement prendre des images parce que les gens sont assez détendus. Pour les clichés de syndicats, de banderoles, c'est le plus facile. Car après, si cela chauffe un peu, je vais forcément photographier ce qui se passe devant moi et devoir lâcher le cortège.

J'ai vu trois ou quatre personnes porter ce genre de pancartes, avec le mot "fainéant". Vu le contexte, alors qu'Emmanuel Macron avait prononcé ce mot quelques jours plus tôt, c'était LA photo à faire.

  • Réfléchir au cadrage

La jeune fille a vu que je la photographiais, mais je ne lui ai pas demandé de poser. Je lui ai simplement dit, après l'avoir prise, qu'on ne la reconnaissait pas. Elle m'a d'ailleurs répondu qu'elle s'en fichait complètement. Je n'ai pas tant choisi ce cadrage pour préserver son anonymat que pour mettre en avant son message. Puisqu'on ne voit pas son visage, ce n'est plus mademoiselle Unetelle, c'est simplement une jeune fille. Cela devient un symbole.

  • Décrire une ambiance

Le cortège est parti avec du retard et, en début d'après-midi, l'ambiance était assez bon enfant. Depuis que je suis parti de Paris pour venir à Nantes il y a deux ou trois ans, j'ai noté qu'il y avait assez peu de pancartes en manifestation. Celle-là n'a pas fait exception. Pour faire des plans d'ensemble, je cherche toujours une accroche visuelle. Sans pancartes, c'était compliqué. Il n'y avait pas de slogans non plus, l'ambiance était un peu étrange. Je n'ai vu personne avec un mégaphone par exemple. Pas de "Macron, si tu savais, tes ordonnances où on s'les mets". Il n'y avait qu'une batucada, assez sympa d'ailleurs, pour apporter un relief sonore. Avec mon collègue qui couvrait aussi la manifestation, on s'est retrouvés devant le cortège. Nous nous sommes fait la remarque : il y a 6.000 personnes derrière nous, mais on n'entend rien. C'était très calme.

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  • Couvrir le défilé jusqu'à la fin

Tout s'est bien passé jusqu'à ce que la manifestation se termine. Là, cela a un peu dégénéré lorsque certains manifestants se sont retrouvés face à un McDo qui a fini un peu abîmé. Il y a eu deux ou trois charges de CRS, pas plus, c'était beaucoup moins tendu que l'année dernière lors des mobilisations contre la loi Travail. D'ailleurs, les photos que j'ai prises lors de cet accrochage ne sont pas représentatives de ce mardi. Elles sont picturalement plus accrocheuses, mais ça ne dit pas bien ce qui s'est passé ce jour-là. 

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