Sifflets contre Juppé : Hortefeux retient "l’enthousiasme des adhérents"

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INTERVIEW E1 - Le plus proche des proches de Nicolas Sarkozy a minoré l'affront dont a été victime Alain Juppé dans son fief.

A une semaine de l'élection pour la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy était à Bordeaux devant 4.000 personnes. Sauf que ce meeting a pris une étrange tournure lorsque la foule a copieusement sifflé Alain Juppé, probable rival de Nicolas Sarkozy à l'investiture pour l'élection présidentielle. Le maire de Bordeaux, qui était pourtant sur ses terres, soupçonne le camp Sarkozy d'un coup bas. Mais pour Brice Hortefeux, il n'en est rien : "la soirée d’hier, j’en retiens une affluence considérable, une chaleur, l’enthousiasme des adhérents", a-t-il déclaré dimanche dans le Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/i-Télé.

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Entre les lignes, Juppé accusé de négliger l'UMP. "Comment peut-on penser qu’il y a un piège lorsqu’on s’adresse aux adhérents, aux militants, aux sympathisants de sa propre région et de sa propre commune, en l’occurrence Bordeaux ? La réalité est en fait assez simple : Alain Juppé a annoncé que sa préoccupation était tout entière vers l’échéance de 2017, cela est parfaitement et strictement son droit. Nicolas Sarkozy s’inscrit, lui, dans une autre démarche, qui consiste à relever le défi collectif de la reconstruction de l’opposition. Il le fait aujourd’hui, il le fait dès maintenant", a-t-il poursuivi.

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Et Brice Hortefeux d'ajouter : "la soirée d’hier, j’en retiens une affluence considérable, une chaleur, l’enthousiasme des adhérents. Et c’est vrai que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui le seul à droite, au centre, et même d’ailleurs à gauche, à pouvoir rassembler autant de monde".

Hortefeux : "la soirée d’hier, j’en retiens une...par Europe1fr

Juppé homme de l'année... comme Delanoë. Interrogé sur le prix "d'homme de l'année 2014" que le magazine GQ a décerné au maire de Bordeaux, Brice Hortefeux ne s'est pas montré plus tendre, faisant dans l'ironie : "Oui, bien sûr, après ce prix qui a été remis l’année dernière à Bertrand Delanoë, j’en suis heureux pour Alain Juppé qu’il lui soit décerné. J’imagine d’ailleurs qu’après les moments difficiles qu’Alain Juppé a vécus, il doit savourer avec beaucoup de bonheur cette séquence médiatique". Faire le parallèle entre Bertrand Delanoë et Alain Juppé, un véritable baiser de la mort en cette période où les anti-mariage pour tous pèsent de tout leur poids au sein de l'UMP.

Juppé homme de l’année ? Comme "Delanoë"par Europe1fr

Juppé vs ceux qui s'occupent "de la vraie vie". Et pour ceux qui n'auraient toujours pas compris, Brice Hortefeux a ensuite opposé ce type de mondanité au bon sens de son favori : "Nous ne sommes pas dans la préparation de 2017, on est dans la vraie vie, pardon de vous le dire. La vraie vie c'est choisir aujourd'hui un responsable qui donne de la crédibilité, de l'autorité, de la légitimité à l'opposition. C'est ça la vraie vie, c'est ça l'échéance d’aujourd’hui : nous ne sommes pas en 2015, nous ne sommes pas en 2016. Libre à chacun d'indiquer qu'il se préoccupe exclusivement de l'élection présidentielle de 2017. Autour de Nicolas Sarkozy, ce n'est pas aujourd'hui notre conception, nous sommes concentrés sur la vraie vie".

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Bayrou sommé de s'excuser pour son soutien à Hollande. Un autre homme politique était dans le viseur de Brice Hortefeux et, coïncidence ou pas, il s'agissait François Bayrou... dont Alain Juppé est proche. "François Bayrou est l’un des responsables de l’élection de François Hollande, puisqu’il a appelé à voter pour lui, et qu’en février 2013 il a indiqué qu’il ne regrettait pas ce choix. C’est sa liberté mais c’est aussi notre liberté à la fois, comme chrétien, de le pardonner mais pas forcément d’oublier", a estimé le député européen.

Puis Brice Hortefeux a ajouté qu'il attendait de François Bayrou qu'il se repentisse : "ce que j’espère, ce que j’attends et ce que je souhaite, c’est que François Bayrou dise clairement qu’il s’est trompé lors de l’élection présidentielle de 2012. Parfois il faut s’arrêter pour regarder ses actes". Dans le cas contraire, le rassemblement à droite se fera sans lui : "Ce que nous voulons c’est construire une grande famille de l’opposition rassemblant la droite et le centre d’opposition, pas le centre qui réclame les voix pour se faire élire aux élections municipales et qui rejoint la gauche à l’occasion des élections nationales".