Corse : Jean-Pierre Chevènement "choqué" par le discours de Talamoni

Jean-Pierre Chevènement a campé sur ses positions à propos de la Corse.
Jean-Pierre Chevènement a campé sur ses positions à propos de la Corse. © Europe 1
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avec AFP , modifié à
L'ancien ministre de l'Intérieur refuse toute forme d'autonomie en Corse, qu'elle soit linguistique ou politique.
INTERVIEW

Jean-Pierre Chevènement s’est dit "choqué" vendredi sur Europe 1 par le discours d’investiture de l'autonomiste Jean-Guy Talamoni. Le dirigeant indépendantiste a été élu jeudi à Ajaccio président de l'Assemblée de Corse. Il a prononcé son discours uniquement en langue corse, une première. "En votant pour les nationalistes, le peuple corse a dit que la Corse n'était pas un morceau d'un autre pays mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique, sa manière d'être au monde", a martelé Jean-Guy Talamoni.

"Un éclatement". Si elle se concrétisait, l'adoption du corse comme langue officielle aux côtés du français sur l’île de Beauté risquerait de provoquer "un éclatement de l’espace national", selon Jean-Pierre Chevènement. Une telle mesure nécessiterait, d'après l’ancien ministre de l’Intérieur, la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et l’utilisation dans l’espace national d’une soixantaine de langues autres que le français. La ministre de la Justice Christiane Taubira a présenté le 31 juillet un projet de loi modifiant la Constitution à ce sujet - cette dernière affirme que "sa langue [celle de la République] est le français". Le président de la fondation Res Publica a appelé à retirer ce projet de loi.

"Assassinats". Jean-Pierre Chevènement a tenu à rappeler qu’une "cinquantaine d’assassinats" ont été commis au nom de l’indépendance de l’île. Il a également insisté sur le fait qu’"il y a eu des compagnons de la Libération corses" et qu'"on peut très bien être corse et français". Ministre de l’Intérieur de 1997 à 2000, Jean-Pierre Chevènement avait démissionné du gouvernement de Lionel Jospin sur fond de désaccord sur le dossier corse avec ce dernier. Il s’opposait au processus de Matignon, lancé par l’ancien Premier ministre pour accorder une plus grande autonomie à l’île de Beauté.

Les nationalistes ont pris le pouvoir jeudi en Corse avec l'accession de l'autonomiste Gilles Simeoni à la présidence du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale (CTC), le mini gouvernement de l'île, et l'installation de l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni au perchoir de l'Assemblée de Corse. C'est la première fois, depuis la création de l'Assemblée de Corse en 1982, que les nationalistes, qui ont nettement gagné les élections territoriales des 6 et 13 mars, dirigent les institutions insulaires.