Ira, ira pas… le PS divisé sur les manifestations de septembre

Olivier Faure
Olivier Faure, chef de file du groupe Nouvelle Gauche (ex-PS) à l'Assemblée, a annoncé vendredi que le PS n'appellerait pas à manifester. © ERIC PIERMONT / AFP
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La participation des socialistes aux défilés contre les ordonnances est discutée lundi après-midi en bureau national. En attendant, les élus se déchirent sur la question.

Chassez le naturel, il revient au galop. Le Parti socialiste, ou ce qu'il en reste, a beau s'être doté d'une nouvelle direction collégiale pléthorique, le voilà de nouveau hanté par les vieux démons de la division. Cette fois, c'est la participation aux manifestations contre les ordonnances visant à réformer le Code du travail qui agite Solférino.

Vendredi soir, pourtant, la question semblait tranchée. Olivier Faure, président du groupe Nouvelle Gauche (ex-PS) à l'Assemblée nationale, a annoncé que le PS ne participerait pas à la mobilisation du 12 septembre, à l'appel de la CGT et de Solidaires. Une décision qui a semé la discorde, puisque plusieurs caciques du parti étaient, eux, bien décidés à descendre dans la rue. Et que le sujet devait être débattu en bureau national lundi.

Socialistes bien placés. François Kalfon, conseiller régional d'Île-de-France et membre de la direction collégiale du PS, a immédiatement réagi sur Twitter pour confirmer qu'il serait bien mobilisé le 12 septembre. "La place des socialistes est aux côtés des salariés", a-t-il glissé au passage.

"On a des ordonnances qui remettent profondément en cause le modèle social auquel nous sommes très attachés", renchérit Emmanuel Maurel auprès d'Europe1.fr. L'eurodéputé, qui manifestera à Strasbourg, voit d'ailleurs bien d'autres bonnes raisons de battre le pavé : "la baisse des contrats aidés, la baisse des APL… Compte tenu des risques que fait courir la politique de Macron aux Français, notamment les plus faibles, la mobilisation est nécessaire."

Gênés aux entournures. Nécessaire, peut-être, mais pas comme ça, estiment d'autres socialistes. "Ce sont des organisations syndicales qui sont à l'initiative" de la manifestation du 12 septembre, argue Olivier Faure pour justifier son absence des défilés. Qui plus est, "une manifestation syndicale qui n'est pas unitaire", a souligné le député Boris Vallaud sur Europe 1, dimanche. "S'il faut attendre que tous les syndicats soient unis pour bouger, on ne fait pas grand chose", bougonne Emmanuel Maurel. "On ne se positionne pas par rapport aux syndicats mais par rapport à ses convictions."

Et c'est peut-être ça, le problème, d'ailleurs. Car si l'eurodéputé était, lui, déjà ouvertement opposé à la loi El Khomri sous le quinquennat précédent, certains de ses amis socialistes soutenaient le texte. Difficile alors de s'opposer à des ordonnances qui sont peu ou prou dans le même esprit. "Je comprends qu'ils soient gênés…", glisse Emmanuel Maurel. "Mais après la victoire d'Emmanuel Macron, tout le monde s'est mis d'accord pour s'opposer. Pas de façon bête et méchante, mais s'opposer. Et c'est notre devoir d'opposant d'être dans la rue."

Initiatives personnelles. Toute la question est aussi de savoir quelle opposition le PS souhaite incarner. Moins audibles à gauche que les Insoumis, qui ont programmé leur propre manifestation le 23 septembre, les socialistes ne veulent ni être invisibles, ni tomber dans le bras de fer permanent, comme le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Résultat : on hésite, on navigue à vue, et on se rabat sur des initiatives personnelles plutôt que collectives. Plus personne n'attend du bureau national de lundi une volte-face de la direction du PS. En revanche, Emmanuel Maurel espère bien qu'Olivier Faure "ne va pas décourager les socialistes d'aller manifester".