Victoire de Syriza : Hollande entre cordialité et fermeté

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Caroline Roux et Louis Hausalter avec N.R. , modifié à
MESSAGES - Le chef de l'Etat a félicité Alexis Tsipras et l'a invité à se rendre à Paris, lundi après-midi.

"Solidarité" et "responsabilité". Au lendemain de la victoire du parti Syriza aux élections législatives en Grèce, le président de la République, François Hollande, a invité lundi lors d'un entretien téléphonique le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, "à se rendre rapidement à Paris". "La France sera aux côtés de la Grèce dans cette période importante pour son avenir", afin qu'elle retrouve "le chemin de la stabilité et de la croissance", souligne le chef de l'État, cité par la présidence française. Un peu plus tard dans l'après-midi, le président français, qui recevait son homologue colombien à l'Elysée, est revenu sur les demandes de restructuration de la dette grecque formulée par le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras. Le président a évoqué "deux principes" : la "solidarité" et la "responsabilité" et a ajouté : "des engagements ont été pris et ils doivent être tenus".

François Hollande avait été l'un des premiers responsables politiques étrangers à féliciter Alexis Tsipras, dimanche soir. Cet empressement à nouer des liens avec le nouveau chef du gouvernement grec contraste avec sa position d'il y a deux ans. Peu après son élection à l'Elysée, le président de la République avait refusé de rencontrer le leader de la gauche radicale grecque, alors en voyage en France...

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"Croissance" et "stabilité". Les mots du communiqué présidentiel rappellent ceux déjà utilisés dimanche soir. François Hollande y soulignait "sa volonté de poursuivre l'étroite coopération" avec la Grèce, "au service de la croissance et de la stabilité de la zone euro, dans l'esprit de progrès, de solidarité et de responsabilité qui est au cœur des valeurs européennes que nous partageons".

Il y a tout dans cette phrase : d'abord le souci de préserver l'équilibre économique de la zone euro cher à l'Allemagne, alors que la victoire de Syriza fait planer l'incertitude sur les marchés financiers. Dans le même temps, François Hollande ne manque pas de glisser une allusion très appuyée à son objectif de réorienter la politique européenne vers moins d'austérité et plus de relance.

Se poser en intermédiaire. En réagissant de cette façon, le chef de l'Etat cherche à se poser en intermédiaire entre le nouveau pouvoir grec et ses homologues européens, inquiets de ce bouleversement politique. "L'élection grecque accroîtra l'incertitude économique en Europe", a ainsi tweeté dimanche le Premier ministre britannique, David Cameron. Quant à Angela Merkel, elle s'est exprimée par la voix de son porte-parole, lundi matin. "Il est pour nous important que les mesures du nouveau gouvernement visent la poursuite de la reprise économique de la Grèce, ce qui implique que les engagements pris soient respectés", a insisté Steffen Seibert. Il a en outre assuré que Berlin allait "proposer au futur gouvernement (grec) de travailler ensemble." Pour le moment, la France et l'Allemagne sont donc sur la même ligne : les deux pays veulent travailler avec le nouvel exécutif grec.

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