Georges Fenech : "Il faut progressivement retirer la force Sentinelle"

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A.H. , modifié à
Pour l'es-député Les Républicains, ancien président de la commission d'enquête sur les attentats de 2015, l'opération Sentinelle coûte cher et ne peut être pérennisée. 
INTERVIEW

Au lendemain d'une nouvelle attaque ciblant des militaires de l'opération Sentinelle, dans le centre de Levallois-Perret, la question du maintien du dispositif resurgit. Pour l'ancien député Les Républicains du Rhône Georges Fenech, invité de la matinale d'Europe 1 jeudi, "il est certain que la force Sentinelle ne pourra pas être pérennisée."

"Un coût astronomique". Mise en place après les attentats de janvier 2015, l'opération Sentinelle mobilise quotidiennement entre 7.000 et 10.000 militaires répartis sur le territoire national. Un "coût astronomique", estime Georges Fenech, qui a présidé la commission d'enquête sur les attentats. "D'après mes estimations, à la fin de l'année, elle aura coûté au budget 1 milliard d'euros, c'est-à-dire plus que la coupe budgétaire qui a entraîné le départ du général de Villiers", souligne-t-il.

"Des supplétifs des forces de gendarmerie". "On doit aussi se poser la question de la plus-value de ces hommes : 7.000 hommes, plus 3.000 en réserve, qui patrouillent dans des conditions difficiles. Ils portent 25 kilos et font 25 km par jour. Le moral des troupes est très bas. Ils ne sont pas là pour faire de la sécurité civile, ils sont formés pour faire la guerre. Là, ils sont des supplétifs des forces de police et de gendarmerie, ce n'est pas leur mission", dénonce l'ancien élu. "Comprenez bien : devant le Bataclan, la force Sentinelle était là. Elle a reçu l’ordre de la préfecture de police de Paris de ne pas engager le feu, parce qu'ils ne sont pas formés pour ça. Parce qu'avec leurs Famas, en milieu confiné, ils n'entrent pas. Si demain il y avait un nouveau Bataclan, ils n'entreraient pas davantage", insiste l'ancien magistrat.

"La force Sentinelle n'a jamais déjoué le moindre attentat". S'il considère qu'il faudrait "garder des militaires dans des zones très sensibles, comme les aéroports et les gares", Georges Fenech estime également que la force Sentinelle telle qu'elle est employée actuellement est inadaptée. "On les voit déambuler - et je ne voudrais pas être péjoratif - on a l'impression qu'ils arrivent du Mali, avec leur armement très lourd…", avance-t-il. "Ce n'est pas leur faire offense que de dire que les militaires de la force Sentinelle n'ont jamais déjoué le moindre attentat, à part ceux dont ils ont été victimes eux-mêmes".

Renforcer les effectifs de police et de gendarmerie. Pour ces raisons, Georges Fenech estime "qu'il faut progressivement retirer la force Sentinelle, tout en équilibrant nos forces de sécurité civile sur la voie publique, en renforçant Vigipirate, ainsi que les effectifs de la police et de la gendarmerie". Se basant sur les travaux réalisés en commission d'enquête parlementaire, il suggère ainsi de recruter "quelque 2.500 fonctionnaires de police et de gendarmerie, dont c'est le métier".